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4 juin 2011

TT Trip : kilbi/vendredi

Illustration: Giom

C’est parti pour un deuxième jour à Kilbi avec d’abord une grosse déception suite à l’annulation de Lucky Dragons à cause de ce satané volcan islandais. Il en résultera une soirée qui aura de la peine à prendre avant de finir sur un final grandiose avec Caribou et Darkstar.

Ce vendredi matin, il a plu donc on a pu faire la grasse matinée et les bières sont restées fraiches. Journée pépère, on déguste des beans en famille avant de partir lire dans un Bad Bonn tout calme. Tout le monde est un peu triste de ne pas pouvoir voir Lucky Dragons pour commencer ce deuxième soir avec un concert participatif. Heureusement la programmation de la soirée reste assez riche pour ne pas se lamenter. La pluie cesse dès midi, le village des tentes de l’amitié s’agrandit. Départ.


Le héro du jour
Arrivé à un moment où presque tous les concerts du soir avaient été assez bof, je comptais sur Caribou comme valeur sure de la soirée. Malgré leur tournée incessante et les multiples concerts en Suisse, je ne les avais pas encore vu et j’étais donc tout excité. Et effectivement, Caribou ne déçoivent pas. C’est propre, réglé comme du papier à musique mais surtout d’une finesse et d’une qualité incroyables. Chaque nappe sonore est le fruit d’un travail expert. Les chansons remuent des vagues riches de mille reflets. Caribou, en live comme en album, est bien cet orfèvre de la pop mêlant rythmique disco, atmosphères lunaires avec une précision presque maniaque. Cette concentration parvient en plus à ne péjorer en rien l’énergie des chansons et le public tape gaiment des pieds. Les tubes répondent bien sûr à l’appel avec "Odessa" dont je ne me lasse définitivement pas, "Sun" et "Melody Day". Caribou, you saved my night.


La déception du jour
Le premier concert de Gonjasufi au Bad Bonn il y a quelques mois avait été des plus décevants, avec Gaslamp Killer en dj pompeux et un Gonjasufi maugréant plus que chantant. Pourtant, l’album ovni sorti chez Warp est juste une bombe et c’est donc volontiers que je laissais une seconde chance au dreadeux du désert. Et ben, Gonjasufi a réussi à faire encore pire. Déjà, il commence fort en insultant l’ingé-son comme le dernier des connards, prenant à témoin un public de plus en plus mal à l’aise. Ayant entendu les critiques sur ses précédents concerts, il était cette fois accompagné d’un groupe de musiciens de studio censés jouer du rock. Et c’est les pires souvenirs qui remontent à la surface, le son fait penser à du mauvais System of a Down, en plus lourd, et on songe aux pires rencontres entre hip hop et rock, comme celle de Jay-Z avec les horribles Linkin Park. Voilà, il faudra s’y faire, A SUFI AND A KILLER est un superbe album qui ne peut pas être reproduit en concert et quand une chanson aussi belle que "She’s gone" devient une telle merde, je n’ai pas d’autre choix que de m’enfuir.


La découverte du jour
Dernier véritable concert de ce vendredi soir, le show de Darkstar m’a véritablement scotché sur place. Placé près des colonnes, les basses lentes et profondes comme un coup de tonnerre transpercent de toutes parts. Plus froid et plus dur que sur album, les chansons de Darkstar sont toutes d’une beauté glaciale, renforcée encore par celle du chanteur. Un hyperdub d’une grande classe aux formes ressemblant aux passages les plus lents de Suicide. Assurément parmi les meilleurs concerts de cette édition.


Le tour du monde
Les remplaçants avaient deux lourdes tâches : faire oublier l’absence des Lucky Dragons et avoir de la crédibilité en s’appelant Francis. Bon ben c’est raté avec un énième concert avec une fille avec une voix trop bluesy torturée quoi et surtout une musique qui ressemble plus à un publicité pour un opérateur téléphonique qu’autre chose. Heureusement, du côté de la salle du Bad Bonn, Julianna Barwick relève le niveau avec un sample pastoral, une voix magnifique. Un pur moment de grâce en ce début de soirée, décidément assez folk avec Akron/Family sur la grande scène. Mais le concert de ces derniers était assez nuls. J’en peux plus de ce folk pépère à la Pitchfork, avec des barbus pseudo second degré, qui tentent d’interagir avec le public comme des Dan Deacon en pas rigolo. Ils accélèrent vaguement mais personne n’y croit. Après tout ce patchouli, j’espérais bien pouvoir enfin remuer mon popotin sur les Crystal Fighters mais voilà même avec de l’alcool dans le sang, je ne danse pas sur la première pop vulgaire qui s’offre à moi. Sûrement le pire concert du festival avec un chanteur aux airs de Russel Brand. Crystal Fighters, c’est un concentré de mauvais goût anglais et espagnol, avec des mélodies putassières, des moments de dubstep grossier rajoutés pour faire cool et des refrains horribles. Heureusement que la fin de la soirée fut plus belle avec Caribou et Darkstar. En after, Kalabrese montait un orchestre peu crédible sur la grande scène mais finit par passer des disques. On raconte même avoir vu votre chroniqueur danser sur la scène au son d’Alicia Keys. Si si. The Trottles Dead finirent tout le monde avec un set de titres garages et rockabilly inconnus et malheureusement accélérés au point de perdre tout boogie.


Le concert que j’ai pas vu mais on m’a dit que c’était super
La seule personne, qui m’a dit avoir apprécié Gonjasufi, s’était trompé de salle et se trouvait en fait devant Rizzoknor. Apparemment les zurichois ont assuré avec leur disco-funk-rock.


Le concert que j’ai pas vu mais on m’a dit que c’était naze
A peine quelques notes du concert de Tallest Man On Earth m’ont décidé à partir fissa au camping me ravitailler. Les échos des plus courageux restés confirmaient mon jugement hâtif : du Bob Dylan plagié en tout mou. Il paraît même qu’à un moment son groupe l’a rejoint et que ça sonnait comme du Phil Collins.


Le coin de mister cocktail
Le midi agrume-amer : pour bien commencer la journée et relancer la machine, prenez du gin et une boisson pamplemousse. A boire frais en marchant et à abandonner au plus vite dès que les autres ne regardent pas.