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16 août 2012

Dean Blunt et Inga Copeland à Lucerne: illuminati de la pop

Photo: Lapiaz
Dans un monde musical où le mystère ne sert plus que de voile à un plan marketing, Hype Williams représente peut-être la dernière zone véritablement enfumée. Leur concert sous forme de conférence à la Jazzkantine n'aura en tout cas pas levé la moindre zone d'ombre. Au contraire, on voit désormais des illuminati et des conspirations partout dans la pop. Gros trip.

Derrière le projet Hype Williams, homonyme d'un réalisateur de clip pour TLC, Nicky Minaj ou Kanye West, on ne sait pas très bien ce qui se cache. Avec différentes eps plus ou moins identifiés et surtout plein de vidéo youtube bien trippées, ou encore une collaboration avec Shangaan Electro, la seule chose dont on était sûr, c'était de la qualité du projet. Depuis, un album, BLACK IS BEAUTIFUL, confirmait tout le bien qu'on en pensait (relire la review: ici) et donnait des noms: Dean Blunt et Inga Copeland. Surtout, avec BLACK IS BEAUTIFUL, tout en restant bizarre et expérimental, la musique se faisait accessible, notamment grâce à certains titres accrocheurs comme "2". Alors l'annonce d'un concert à Lucerne, organisé par Südpol mais se tenant à la Jazzkantine semblait représenter l'occasion rêvée pour en savoir un peu plus. Après avoir traversé les champs et longé les lacs de la suisse centrale, nous voilà arrivés dans la jolie ville de Lucerne, avec son pont fleuri, sa bourgeoisie cossue et ses châteaux. L'accueil est chaleureux, même l'enfant qui vomissait son poulet nous a souri tendrement, comme un emballage Kinder. Arrivé à la Jazzkantine, la jeunesse locale s'envoie des shots à la myrtille en attendant que la salle située sous le mignon bistrot ouvre. Quand l'heure sonne, tout le monde descend dans un silence discipliné dans une pièce sombre dont la scène ne comporte presque rien d'autre qu'un pupitre de discours. C'est à ce moment-là qu'on s'est dit que quelque chose clochait.


Ceux qui auraient pu penser que la sortie de BLACK IS BEAUTIFUL était le signe de concessions faites par Dean Blunt et Inga Copeland se sont bien trompés. Cela fait bien longtemps qu'un "concert" ne nous a pas autant pris à rebrousse poil. Pour situer d'emblée, Dean Blunt et Inga Copeland n'ont joué aucune chanson. Le "concert" a commencé par quelques minutes d'expérimentation sonore de Dean Blunt, avec des bruits stridents et des aboiements qui nous ont fait redouté deux heures de bruits insupportables. Que nenni! Deux minutes plus tard, il est rejoint par Inga Copeland habillée tout en noir et une casquette d'inspecteur du gaz vissée sur la tête. On se réjouissait de l'entendre chanter. Tant pis pour nous, sa voix ne ferra que prononcer une conférence de 45 minutes, agrémentée de quelques effets sonores de Dean Blunt. Cette conférence tentait de démontrer que les plus grandes stars de la pop faisaient parties des illuminati. Pour ceux qui ignorent ce dont il s'agit, les illuminati désignent une société secrète qui dirigerait le monde. Ainsi à force d'arrêt sur images, sur clips ou sur textes, Inga Copeland cherchait à prouver, mi sérieusement mi ironiquement, que Jay-Z, Rihanna, Kanye West et Beyonce appartenaient aux illuminati, la certitude étant donner par la présence d'images représentant le diable, un oeil unique ou des pyramides dans de nombreux de leurs clips. Il y a bien sûr un aspect dérangeant de faire payer des gens pour un concert et leur donner à voir quelque chose de tout à fait différent. Et on aurait rêvé entendre Hype Williams en live. Mais en même temps, est-ce qu'un groupe qui recrache sans vie son album sur scène ne commet pas une arnaque encore plus grave? Dans le monde du live, où la monotonie et la rigueur dominent, être une fois surpris cela finit par faire presque du bien. Et la vérité est que l'on ne s'est pas trop ennuyé lors de cette conférence, plutôt drôle et bien faite (avec notamment le traditionnel coup de la chanson jouée à l'envers). De plus, le thème de la conspiration reste un élément central de la mythologie pop, que ce soit l'île où vivraient encore Elvis et 2pac, la présence de Michael Jackson à son propre enterrement... Dean Blunt et Inga Copeland sont de vrais salauds: non seulement ils n'ont joué aucun de leurs titres, mais depuis on arrête pas d'apercevoir de figures diaboliques dans les clips. Les illuminati sont partout.

13 août 2012

Le réveil (lent) du cobra, Asger Jorn à l'Hermitage

Illustration: Asger Jorn, "Didaska", 1945 (99,4 x 76,2 cm)
C'est l'autre grosse expo de l'été. Celle qui célèbre la liberté, la création, l'expérimental, l'amitié, l'amour, bref tous les poncifs vivifiants de la jeunesse et de la création. D'après les textes, du moins. 

Cracheur de feu
Asger Jorn (1914-1973) est l'un des fondateurs du mouvement CoBrA (comprendre CO-penhague BR-uxelles- A-msterdam), un de ces danois de la trempe d'Hamlet, près à tuer l'oncle académique, meurtrier du père véritable de l'art (expérience, naïveté, imaginaire...). Né à la veille de la grande guerre, c'est à travers la peinture et vis-à-vis de celle-ci que Jorn fera résonner son propre "plus jamais ça". Sous l'influence des surréalistes, des abstractistes, des formalistes, des néoréalistes ensuite, Jorn quitte son Silkeborg natal pour sillonner l'Europe. Il s'y fait des potes bien sûr, aux Pays-Bas, en France, en Belgique, et c'est au coin d'un bar à Paris un soir que va naître, entre deux bières et deux phrases de Bachelard, l'idée du mouvement "CoBrA". Nous sommes en 1948, sont présents entre autres Christian Dotremont (peintre belge aux toiles bruissantes de runes et d'arabesques) et Joseph Noiret, poète. Trois ans plus tard, en pleine effervescence, Jorn doit pourtant stopper son pèlerinage artistique pour cause de tuberculose. Le glas du cobra sonne. Il rentre au Danemark, passe de nombreuses années de convalescence, peint des toiles glauques. Puis il voyage en Italie, en France, peint des toiles gaies. Puis s'éteint, en son Danemark natal, en 1973 des suites de la maladie. Il aura eu le temps, le père Jorn tout de même, de développer un travail protéiforme, se déployant sur les versants de la peinture comme de la sculpture. Il nous abandonne une oeuvre dispersée, explosive, mue par la recherche obstinée d'un art universel, art pour tous, rompant avec les critères officiels jugulés par le réseau des académies. Un avant-gardiste, quoi.


 "Libre"…?
 Ce sont la ferveur, la flamme et la fougue qui, ostensiblement, tiennent lieu d'axes de discours dans l'exposition. Discours, c'est un peu de ça qu'il s'agit et seulement, d'où le problème. On y apprend tout d'abord (rez-de-chaussée) les principes directifs de l'entreprise CoBrA, retrouver pour renouveler, à partir de l'inconscient, des arts "naïfs", des dessins d'enfants, des légendes populaires, les critères de la création. Déboucher l’artère décrépie du contact direct avec la joie de créer. Il y a de la revendication, du décret même dans ce mouvement collectif qui embrigade les jeunes artistes d'alors. La peinture de Jorn trouve son mouvement et son aspiration dans le jeu des formes, pas tout à fait abstraites, évocatrices plutôt. Figures molles, silhouettes enfantines réduites à l'essentiel : bras-jambes-têtes-bouche. L'ensemble paraît toujours entrelacé, fuyant, masse mouvante qui tantôt s'effile en museau, laisse percer un cri, tantôt dévoile quelques dents ou l'ombre d'un visage. De plus petits formats présentent des parties d’animaux, curieux ou inquiets, tendus dans une interrogation muette qui  soit reste en huis-clos dans la peinture, soit s'adresse directement au spectateur. Il y a de l'amusement chez Jorn, de la candeur, celle sans doute de l'enfant tout entier à la tâche et qui se moque qu'on reconnaisse, qu'on décrypte. L'imaginaire prime dans tout ce qu'il peut présenter de remous, d'aléas, d'à-peu-près. On a beaucoup dit  d'Asger Jorn, qu'en digne héritier de Munch, il en prolongeait les perspectives expressionnistes. À raison : l'émotion est en effet ce qui compte et en assure le passage de sens. Il est intéressant surtout de relever la fraîcheur et le jeu que le peintre danois (et CoBrA en général) s'était donné pour quête. Comme une fonction inhérente à la pratique de l'art, et qui transparaît tout de même dans la mine rieuse ou narquoise de gueules bestiales occupées à converser sur certaines toiles, ou allongeant leurs mâchoires pastelles par-dessus la grille d'un enclos fantomatique sur d'autres. Oui.

 Pourtant on peine, on rame, on s'échine à chercher dans les premières salles les élans sensuels, la fièvre et l'extase pourtant prétendues. Beaucoup d'éléments plaident en leurs défaveur : la lumière violente entre autres qui habite les pièces de l'ancienne maison bourgeoise écrase la vivacité qui pourrait rayonner de certaines toiles ou au contraire en radie la tristesse, en lime l'épaisseur tragique. L'accrochage ensuite, alors qu'on nous annonce la verve irrépressible d'un génie en naissance, on se trouve confronté à quatre minces toiles sans punch, sensées symboliser à elles seules la "révolution CoBrA". C'est une constante de l’exposition : quand le texte embrase, la salle étouffe, éteint. Et là où il faut du commentaire pour expliquer en quoi les oeuvres doivent toucher...


Moins et mieux
On se réfugie alors du côté du petit, du peu. Entendons vers les dessins, aquarelles et eaux-fortes réalisés tandis que Jorn végétait à Silkeborg dans les années 50. Là, certains croquis tiennent du chef-d’œuvre à eux seuls, petits trésors d’humour et de pertinence, on retiendra surtout « La Garde Suisse », en hommage au belge James Ensor et à son sarcasme solaire faits de tracés simples et de grattements qui composent des figures de soldats grotesques, ou encore « Le japonais ironique » sourcil relevé et visage figé par les blancs restants de la feuille. C’est lorsque la lumière descend, et de même le spectateur dans les entrailles du musée que le cobra se réveille. L’ultime allée au sous-sol de l’exposition laisse enfin exploser toute la jeunesse d’un peintre déjà vieux pourtant. Comme une charge de dynamite enfouie qu’on déterre enfin et dont la mèche s’allume. Tout y est, même à ce point tardif : les élans rageurs qui lacèrent la toile et en augmente les dimensions visuels, les sculptures comme autant de bouts de lave façonnés à la hâte par la main d’un titan tombé de l’Olympe. Et au bout du hall la grande « Kyotosumorama », dans laquelle, à force de regarder, on finit par déceler une silhouette malingre et pédante, hurlant à l’oreille d’une bête assoupie qui ronchonne en se levant.

Moralité, Asger Jorn tient tardivement ses promesses. On se demande alors si les choix curatoriaux n’ont pas joués volontairement sur la lenteur, mais on regrettera  à ce stade la dislocation frustrante entre le commentaire et l’accrochage. Même s’il est peut-être là, le secret de l’oeuvre du danois fou qui s’enivre de ses propres légendes. Dans la maîtrise de cette attente qui précède la jouissance et la sanctifie.

Asger Jorn, artiste libre, Fondation de l'Hermitage, Lausanne, juqu'au 21 octobre

Fondation l'Hermitage

8 août 2012

Holy Motors est-il incompréhensible ?

Illustration : Charlotte Stuby
Réalisateur hors pair dans le paysage français, Leos Carax s’amuse, s’auto-cite, joue et s’engage dans un film sur les questions de l’acteur, du cinéma et de la vie. Mystérieux, le film en embarrasse plus d’un sur les questions qu’il pose indirectement. Un chef d’œuvre pourtant simple.

« Je n’ai pas compris la fin ? Pourquoi les voitures parlent ? C’est qui le mec au début ? C’est quoi ce titre ? Pourquoi un gros chien noir traverse-t-il la salle de cinéma ? Qui est Oscar ? ». De nombreuses questions s’entrechoquent à la sortie de la salle sur le dernier film de Leos Carax alors que pourtant, le long-métrage suit une narration simple et linéaire, partant du lever du jour au dernier coup de minuit : une journée dans la vie d’Oscar. Je ne cherche pas à évoquer des interprétations diverses et inutiles, mais plutôt à rendre compte de la qualité universelle du film.

Le premier plan du film présente une salle de cinéma pleine. Un miroir. Un miroir pour le public, qui se voit projeté contre l’écran avant que des lettres vertes apparaissent en sur-impression : Holy Motors. C’est clairement au jeu de la mise en abyme que souhaite faire participer Leos Carax à son public. Une sorte de dualité entre nous spectateur, et le moi réalisateur, ou plutôt le il acteur. Le long-métrage va exploiter cette idée où les apparences ne sont qu’illusions, qu’elles ne valent rien alors qu’elles persistent à être le centre du monde dans lequel nous vivons.

A en lire ce préambule, Holy Motors semble ennuyant et pédant. Ce serait mal comprendre le film. Car Leos Carax est quelqu’un qui a le sens de l’humour, même pas un humour noir, de l’humour simple, délicat, du détournement et même surtout de l’autodérision, comme la scène finale (les voitures qui parlent) ou le retour de Monsieur Merde dans une séquence encore plus dévastatrice que dans Tokyo! (2008) le démontrent. Le film présente donc plusieurs rôles que doit jouer Oscar durant une journée. On peut en dénombrer 9, 11 ou 12 - à choix, car il est difficile de savoir quand Oscar est vraiment lui-même et ce que signifie la scène au Fouquet’s ou la rencontre avec le sosie de Jean Sedberg. En puisant dans l’art cinématographique à tout va (les bonobos seraient-ils une évocation de King Kong ?), Carax invoque Franju (les yeux sans visage), Kubrick (la chambre d’hôtel a des liens avec la scène finale de 2001), Cronenberg (les corps, le dédoublement) mais aussi la littérature, l’absurde de Beckett, les jeux de mots de Max Jacobs.


Les caméras disparaissent

Cinéma, littérature, danse (la séquence en motion capture) et bien sûr musique. Leos Carax allie les arts de façon brutale, sauvage et simple : l’entracte est peut-être l’une des meilleures séquences du film (ces joueurs d’accordéons qui filent dans les couloirs de l’église en un difficile plan-séquence filmé serré). Puis le père qui va chercher sa fille à une fête : une bonne minute d’une excellente compo de Sparks lancée dans la voiture où l’on ne regarde que le nouveau rôle joué par Denis Lavant. Fidèle au poste, Lavant a joué dans tous les films de Carax (sauf Pola X, remplacé par Guillaume Depardieu). Lavant se réinvente mais perpétue en jouant le rôle de l’acteur, le rôle du comédien qui ne voit plus la caméra : « Les caméras me manquent. Avant, elles étaient plus hautes que nous, puis elles sont devenues plus petites que notre tête. » comme le démontre la séquence de motion capture du film où Lavant et un corps féminin simule un accouplement de deux créatures en images de synthèses. Plus tard, les discussions pourtant hermétiques avec sa chauffeuse de limousine s'intensifie et Oscar espère pouvoir rire une fois avant la fin de sa journée. Lorsque les voitures blanches disparaissent dans la porte d'un grand garage avec l'enseigne Holy Motors où le deuxième O de Motors s'éteind, nous pouvons lire Holy Morts en inversant le t e le s remarque Jean-Jacques Lalanne des Inrocks. Serait-ce là la demeure de ces morts saints et de tous ces acteurs qui jouent différents rôles dans une vie ?

« La beauté est dans l’œil de celui qui regarde. Qu’en restera-t-il s’il n’y a plus personne pour regarder » rassure Michel Piccoli à Denis Lavant. Le seul dialogue du film qui interroge explicitement la problématique centrale est simple ; le dialogue n’assomme pas, il vient rassurer le spectateur devant ces nombreux plans gigantesques et sans accrochage. Carax filme comme les grands films en Scope du début des années 60, des mouvements lents, précis et qui englobe dans le champ un élément principale en le suivant le plus longtemps possible. Même Paris, pourtant si cliché au cinéma, devient monstrueux et nouveau, comme la limousine qui contourne l’Arc de Triomphe. Ne serait-ce d’ailleurs pas ça l’œuvre toute entière de Leos Carax, contourner le triomphe pour mieux le filmer ?

Holy Motors, Leos Carax (France, 2012)
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1 août 2012

MIX TTAPE: Prince Rama (US)

Illustration: Charlotte Stuby
Alors que la date du 6 novembre vient juste d'être annoncée pour la sortie du prochain album de Prince Rama, ''Top Ten Hits Of The End Of The World'', Think Tank est ultra-fier de présenter un mix celles-ci. En prime, un interview des deux soeurs Taraka et Nimai Larson, souveraines d'Ayodhya adoubées par Animal Collective, signées sur leur label et en tournée avec eux en Europe au mois de novembre. Ca ne pouvait pas mieux tomber.
Prince Rama: C'est tout le monde et personne.  

Vous êtes deux sœurs et faites de la musique ensemble depuis longtemps. D'après vous, comment est-ce que ça influence votre approche et votre rôle à chacune ? Qu'apporte cette intimité ?
Ca nous rend extrêmement proches. Faire de la musique avec sa sœur c'est comme avoir une conversation télépathique que personne d'autre ne comprend. Nous sommes deux esprits, qui deviennent une voix. On est très reconnaissantes l'une pour l'autre.  

Comment vous placez vous en tant que femmes (et même en tant que sœurs) dans votre vie en tant que musicien(ne)s ?On se place en tant qu'être humains.

Vous avez été élevées dans une communauté Hare Krishna. Est-ce que c'est quelque chose qui joue un rôle dans ce que vous faites aujourd'hui ? Est-ce que c'est plutôt un statement dans votre manière de vous présenter au monde ? 
Tout ce qui vient du passé joue un rôle dans ce que tu es dans le présent, mais si qui tu es est aussi juste un rôle, alors qui joue qui ? Si le passé est le présent et le présent est le passé, alors à quel monde nous présentons-nous ?

Vous avez parlé à plusieurs reprises dans la presse d''EVP''. Pouvez-vous nous expliquer de quoi il s'agit et en quoi vous pouvez vous sentir concernées par ça ? 
 Un EVP ou « electronic voice phenomenon » (phénomène de voix électrique en français, ndlr.), c'est lorsqu'un une interférence sonique d'une autre dimension est accidentellement enregistrée dans cette dimension. Ca arrive souvent, en fait. On aime penser chaque démarche d'enregistrement comme un effort pour canaliser des interférences soniques venues d'autres réalités.

Quelle est votre relation avec les fantômes ? 
On a une bonne relation avec eux. On est des fantômes. Ils ont écrit notre album à venir.