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19 juin 2012

TT Speaches / mai 2012

Illustration: vitfait, typographie: Malevicheval, Maude Gyger
Ce mois de mai, tout s'accélère avec le rush des fins de semestres. Malgré les charges de travail, l'équipe de Think Tank reste décidée à ne pas perdre non plus le rythme des sorties musicales. Surtout qu'en ce moment, c'est chaud bouillant avec Liars, Peaking Lights ou Laurel Halo. Qu'on danse ou qu'on chill, le son prend le ton de l'été qui vient.

Think Tank la tête sous l'eau, les mains dans le cambouis. Avec un questionnement de vigueur: peut-on réellement écouter de la musique en pleine bourre? Faut-il de l'expérience pour écouter et travailler, de l'habitude ou des prérequis spécifiques? Où, plus simplement, l'on pourrait imaginer qu'en pleine labeur sans une attention ultra-précise, seuls les sons séduisants seraient captés ou assimilés. A l'inverse, les albums denses et développés passeraient d'une oreille à l'autre sans être repérés, pour autant que l'on écoute à l'aveugle. Ce Speaches est de fait plus court, mais non moins intéressant, sa tâche étant simplifiée par des albums très très forts, est prouve que les bons albums possèdent une aura particulière, au-delà des conditions d'écoute. 





Raphaël: La presse a, ces deux dernières années, beaucoup parlé de Laurel Halo (cover ci-dessus). A juste titre, probablement: plusieurs de ses EP, notamment ''Hour Logic'' en 2011 l'ont confirmée en tant qu'artiste avant-gardiste. Après une grosse comm' devant introduire son album QUARANTINE sur Hyperdub ainsi que des sorties aux identités assez diverses, difficile de savoir quelle forme ce premier album allait prendre. Or, celui-ci– louée soit sa densité – semble confiné à l'informité. La reine des plages lascives à l'odeur de formol livre un disque sans ossature, bouffi de prétention et à la consistance un peu fade. Les harmonisations et dissonances respirent la préciosité mais peinent à dissimuler un léger manque de substance qui risque de priver QUARANTINE d'une véritable postérité. De manière assez surprenante, les morceaux empruntant le plus d'éléments à la pop sont ceux qui s'en tirent le mieux, tant la complexité un peu factice des autres agace. Ainsi, ''Thaw'', ''Tumor'' ou le sulbime ''Carcass'' se démarquent quelque peu d'un disque qui laisse peu de traces, peu d'émotions, peu d'images.


Julien: Étrange album, à l'instar de sa pochette entre le cool et le lol. Là où ses proches de Oneohtrix Point Never ou de Sun Araw jouent avec le shooté pour mieux nous terrasser, ceci sans kicks, Halo reste un peu à des stades d'introductions. Tout ceci parait un peu trivial comparé à d'autres sorties fumantes du mois, entre Liars, Lone ou Dntel. Justement, ce dernier, je ne sais pas si tu l'as écouté Raphaël. Jimmy Tamborello a fondé Dntel en 1994 déjà, alors que l'on ne parlait que d'esquisses d'electronica et encore moins de dubstep. Disque hanté pour l'été, AIMLESSNESS montre que Dntel a du coffre et des références, laissant aller la rythmique dans tous les sens et prenant de multiples valeurs de genres (le très electronica "Jitters", le proto R&B "Still" ou le final psyché "Trudge"). Tamborello fait aussi partie des très influents et pourtant peu reconnus The Postal Service qui, au final, auront autant amené que des Animal Collective, sans la notoriété donc. Il pourra toujours se satisfaire de voir un titre tubesque comme "Santa Ana Winds" passer dans les clubs hips. En parlant de cool, en restant dans les beats digitaux…


Pierre: Le nouveau label au top et qui a donc logiquement pris la relève de Tri Angle dans la session showcase de Sonar, c’est 100% Silk avec des groupes comme Maria Minerva, L.A. Vampires ou encore Ital (qui jouera le 30 juin au Bourg de Lausanne). Ce mois-ci sort l’EP de Octo Octa, OH LOVE. Quatre titres d’house en mode maillot de bain. "Deep Hurt" ressemble fort à une émanation de chill wave, devenue une électro beaucoup plus intelligente, notamment via des samples de voix extrêmement love. Parfait pour danser sur la plage. Avec "I Can Feel You", tu peux lever les bras au ciel sans honte. On recommande également l’excellent remix de Chevalier Avant Garde pas les même Octo Octa. A l'instar de Tri Angle, 100% Silk met en avant son identité sonore et la renforce avec un catalogue hyper cohérent. Ainsi KINGDOM de Fort Romeau est pas loin de faire encore mieux dans le même genre. Cela aurait été chose faite si le hit "SW9" avait été intégré à l’album. On retrouve chez eux le même genre de sonorités mais avec des rythmes plus tranchés et une palette de variée. Pas besoin de choisir, franchement embarquez les deux albums dans votre voiture en direction azuréenne.


Julien: Je rajouterai qu'il est possible de télécharger un grand nombre de mixes maisons, le tout sans sortir un seul centime. Généreuse, l'électro (mais ça on le savait déjà). L'autre album assez fort d'électro et qui fera plaisir à tout fan du grandiose label R&S, c'est GALAXY GARDEN de Lone. De Nottingham – basé à Manchester actuellement –, Matt Cutler sonne comme ses semblables (Floating Points pour les synthés caverneux, FaltyDL pour les kicks ou encore Nathan Fake pour la cohérence artistique). Avec un atout énorme: son approche sonore est immédiatement reconnaissable, ce qui en 2012 est assez rare pour ne pas le relever (dans les candidats du mois, Liars fait aussi office de groupe à forte identité). Donc Lone, musique de type rêveuse comme le relève l'influent Bibio sur Discogs mais pour « tous les jours, complètement immergés dans un jeux d'arcade des années 80 ». Oui, disque de tous les jours, accessible et pourtant complexe, IDM affranchie de sa relative discrétion pour oser les voix comme sur "As A Child (feat. Machinedrum)" ou "Spirals (feat. Anneka". D'autres titres sont plus sinueux comme le très londonien "Crystal Cavern 1991", traversant 20 années de rave les narines pleines à 160BPM, ou le final "Vulcan Mill Acid" allant chercher lui le tréfonds dub des années 80. Difficile pour autant de détacher un titre-clé, tellement les LPs de Lone sont excellents à tout égard et ne souffrant (presque) d'aucune faiblesse. La preuve aussi que le format album est aussi viable dans la musique électronique, le tout en respectant la devise de R&S: « in order to dance ».



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Raphaël: Le label Night Slugs, lui aussi bien souvent aux avants-postes depuis deux sa création, semblait ces derniers temps avoir pris une direction résolument plus club. Qualitativement moins régulier que des Tri-Angle (pas si surprenant puisqu'il s'agit ici du bébé de Bok Bok et L-vis 1990), il avait pourtant été responsable de quelques grosses sorties l'année passée, dont le méga-tube des soirées warehouse de l'underground londonien, ''Wut'', de Girl Unit. Jam City joue dans un registre proche de l'essence du label mais s'affranchit gentiment du clubbing et développe une sensibilité et une architecture beaucoup plus indus. CLASSICAL CURVES est sans aucun doute l'album le plus étrange qu'il m'ait été donné d'entendre depuis un bout de temps : émancipé de presque toute contrainte de format mais tout sauf expérimental, il est aussi inclassifiable que son équilibre est fragile. Empruntant ça et là des samples d'aboiements, d'appareils photo, appondus, dans un silence quasi-dominant, à des structures rythmiques extrêmement rigides, Jam City créé une interaction troublante entre froideur aseptisée et synthés cheap à la Prince. CLASSICAL CURVES est un album-éprouvette. Si proche du vide mais si consistant. Puissamment mécanique mais habité, lisse dans ses sons mais sauvage dans ses structures, il semble avoir été développé in vitro, à l'abri de toute forme d'humanité et de tout regard vers l'extérieur. Rarement un album électronique aussi dénudé et dur aura fait preuve d'une telle ambition.




 Pierre : Les groupes non-électroniques passionnants finissent par devenir une espèce en voie d’extinction. Heureusement, les rares phénomènes encore vivaces touchent à la perfection. Un groupe fait très fort : Peaking Lights. Après un album adulé à juste titre, la suite semblait ne pouvoir que décevoir. C’était sans compter sur l’incroyable qualité de ce duo. LUCIFER est un bijou à huit faces magnifiques, qui sera vénéré dans dix ans. Mais il n’y a aucune raison d’attendre ce temps et c’est d’emblée qu’on profite de cet album et que ceux qui ne connaissent pas se jettent dessus au plus vite. Tout brille de splendeur, les synthés sont psychés, les guitares mélancoliques, le piano beau, les sections rythmiques démentes. Lorgnant du côté du dub, Peaking Lights forge un rock incroyable d’originalité, reformulant musique africaine, planante américaine dans un album au delà du contemporain. Pas de doutes que les remixes font de nouveau fleurir de cette source multidimensionnelle pour notre plus grand plaisir. Si l’ensemble confine à la grâce, les très grandes chansons ne manquent pas non plus à l’appel. "Cosmic Tides", déjà chanson de l’année. A moins que soit "Dream Beat". Du très très bon.


Julien: Indéniablement, la musique de Peaking Lights est d'époque, avec des références admises par l'art contemporain tendance – l'afrique au-dessus – une démarche  qui semble assez libre et des titres légers comme l'air. Et pourtant, les basses sont présentes. Ici, on parle de dub nouvelle génération, par moment dub sudiste ("Beautiful Son"), dub eighites ("Live Love") ou dub classique, couple fumant basse-beat avec l'effectivement génial "Cosmic Tides". Musique pour sound-system de blancs sans l'exotisme normalement de vigueur, LUCIFER décloisonne l'indie avec pas mal de délicatesse. Alors certes, l'ancienne génération ne verra qu'un duo lui aussi trendy appliquant les bonnes formules de ce style dérivé du raggae, généré par des cinglés de la production, chanté par une belle brune, Indra Dunis, à la voix finalement commune. D'autres y verront un album affranchi et archi-fun, à l'instar de "Midnight (In the Valley of Shadows"), titre qui pourrait durer deux jours quand il tourne sur la platine, dépassant largement l'EP 936 sorti l'an passé, moins produit, moins homogène non plus. Oui Pierre, on est bien avec ce disque. On va être heureux cet été – on se demande d'ailleurs où ils tournent en juillet-août (seuls Portland et de petites dates anglaises sont agendées). 


Pierre : On a déjà parlé de Ital, projet solo du chanteur des géniaux Mi Ami. Ces derniers, désormais également sur 100% Silk, ont eux aussi sorti un EP en début d’année : DECADE. Et une fois de plus, McCornick fait un sans faute et fait évoluer sa musique. On est encore plus loin du rock déconstruit des premiers albums du groupe et même du précédent DOLPHINS. Ici, il ne reste plus que quatre titres durant tous entre 7 et 10 minutes et dont la sonorité house se lit déjà dans leurs titres : "Time of love", "Free of Life". On retrouve ce mélange de détournement de mélodies pop et sons électro lo-fi exécutés avec brio. Les moments de pure éclate auditive sont nombreux dans cette musique rêvée. S’il fallait tout de même trouver un bémol, on pourrait regretter le fait que la couleur Ital soit devenue dominante, faisant disparaître certaines qualités de Mi Ami comme la rage qui s’exprimait dans le chant. Heureusement, l’apport de la formation se fait toujours ressentir dans les rythmiques forcenées.


Julien: Nettement plus décevant est l'album de Dent May, pourtant hébergé sur le label Paw Tracks (Ariel Pink, Black Dice), et pris sous l'aile d'Animal Collective (la sœur d'Avey Tare dudit groupe est fondatrice dudit label). L'influence pop dorée (ou pailletée c'est selon) s'inscrivant en trame de fond de Paw Tracks est très marquée chez ce musicien du Mississippi. "Best Friend" est un petit tube, mais le reste ressemble à une déclinaison frustrante des bons plans appliqués dans cette ouverture: chœur épris et refrains précieux. "Rent Money" se dégage heureusement de cette monotonie cool, avec certes un plagiat de grands titres d'époque (sunshine, softrock et autres truculences d'avant punk), mais avec pas mal de lucidité.




Raphaël: Passage au nord, en Suède plus exactement avec un nouvel EP d'Harald Björk (qui nous avait gratifiés d'une mixtape quelques mois en arrière). 'ESTELLE', nommé avec un peu d'ironie (?) en hommage à la princesse suédoise fraîchement née, marque un certain tournant pour Harald Björk, qui renforce là son identité, trouve une plus force personnalité dans sa musique. Trois morceaux à tendance sous-marine, dont l'étonnement house ''Ner'' marque de manière assez claire la nouvelle direction choisie. Rythmiquement plus durs, plus agressifs que sur ces précédentes sorties, les trois morceaux d'"ESTELLE" conservent malgré tout une essence psychédélique, particulièrement sur ''Under'', de  loin meilleur morceau d'Harald Björk à ce jour et ballade champêtre pas mal flippante.


Julien: Le nouvel et ô combien attendu album de Liars (cover ci-dessus) nous permet de pivoter vers les guitares tout en gardant le dénominateur commun des sons digitaux. Actif depuis l'an 2000, le trio basé à New-York s'est bien gardé de rester à distance respectable des tendances, offrant plus d'une décennie d'amour violent et de ballades insoumises, dégommantes et pourtant essentielles. Après le terrible THEY WERE WRONG, SO WE DROWNED (2004), ou le conceptuel DRUMS NOT DEAD (2006), ces proches de David Sitek déçurent pas mal de monde avec le plus accessible SISTERWORLD, offrant toutefois quelques beaux moments aussi stupéfiants que brutaux. Toujours chez Mute (ce depuis 2004), Liars vient de sortir WIXIW, un 11-titres impeccable, peut-être pas aussi important que les albums sus-nommés pour les fans d'intensité. WIXIW est plus diffus, plus dans le travail au corps qu'à la frappe rageuse, et de fait assez imposant à premier abord: comme souvent avec ce groupe, on passe de la détente à la tension avec pas mal d'aplomb, mais ici avec plus d'envergure, eu égard aux styles abordés, véritablement pluriformes et pourtant si fort maîtrisé ("His and Mine Sensation" ne souffrirait pas sur une B-Side de Moderat, "No.1 Against the Rush" comme réponse américaine à l'orientation très CAN des Horrors, "A Ring on Every Finger" allant se frotter lui aux lois du dancefloor). Comme chez Lone ou Peaking Lights, Liars se développe, s'améliore même, mais garde son identité forte. Grand mois de mai, on vous dit.


Julien: Je poursuis avec une autre sortie assez remarquée, celle du nouveau LP de Japandroids, CELEBRATION ROCK (oui, ils ont osé le faire en 2012). L'ouverture pétarade mais le disque est plus qu'inégal avec du pub-punk assez années 2000 "Fire Highway", le très quelconque "Adrenaline Nightshift" ou le prétentieux "Continuous Thunder". "For the Love of Ivy" vaut à lui seul le déplacement dans un sursaut puissant et jubilatoire. Nettement plus mesuré que ces jeunes gens de Vancouver, Here We Go Magic est arrivé sans bruit au début du mois de mai, avec un grand vocaliste à sa tête (Luke Temple), une sainte influence (Talking Heads), une certaine préciosité et de fait des morceaux de toute bonne facture. Si l'ouverture est assez classique, "Make up Your Mind" font se percuter 30 ans de post-punk avec des boules disco en prime, nerveux mais pas présomptueux (hop titre du mois). Here We Go Magic sonne comme du Blur au spleen prononcé ("Over the Ocean") ou du Blonde Redhead maigrelet (le final "A Different Ship", magnifique). Il y a aussi des titres plus catchy et lumineux, mais c'est quand le groupe tire la gueule que tout se révèle, plaçant Temple dans le sillon des grands chanteurs actuels. Si l'on considère Liars comme un groupe transgenre, cet album des New-Yorkais pourrait bien être la meilleure sortie des formations à guitares. Encore qu'il pourrait se faire concurrencer par les ambitieux Tu Fawning, largement relayés sur les radios indépendantes et auteurs du très remarqué A MONUMENT (oui, eux aussi ont osé). "Anchor" ouvrant l'album pourrait faire placer les américains signés chez City Slang pour un prototype étrange de Florence and the Machine indie. La contribution à la voix de Corrina Repp, les plans de guitares héroïque de son mari Joe Haege – notamment meneur des mégalos Menomena – et les gros roulements de batteries n'y étant pas pour rien. Sinon Tu Fawning joue sur d'autres répertoires dans une suite assez étourdissante de soul, rock baroque et de folk stellaire ("To Break Intro", brillant).


Raphaël: Musique de sofa cosmique maintenant ; sorti dans une relative discrétion (pas étonnant), l'énième album solo de Dewey Mahood alias Plankton Wat, ''SPIRITS'', aurait pu être la bande son de ''Paris, Texas''. Le guitariste un peu barré d'Eternal Tapestry n'en est pas à son coup d'essai et traîne derrière lui pas mal de balbutiements souvent chiants mais toujours deep. Pour le coup, il délivre son meilleur album à ce jour. Le bien nommé ''SPIRITS'', même s'il frise le cliché du gros trip psychotrope/désert, révèle dans sa longueur et son développement une impressionnante puissance narrative . Disque habité s'il en est, fourmillant d'ombres et de formes, il conserve un anonymat et une abstraction relativement accessibles qui permettent à Mahood d'éviter les plus grands pièges de l'album hippie méditatif 2.0. Autant dire qu'avec sa gamine de, je sais pas, 10 ans qui joue du shaker (ou ganza) dessus, c'était pas gagné. Pourtant, l'évidence s'impose: on ne s'ennuie pas, ou rarement, chaque élément prenant une telle importance dans les nombreux espaces. Moins plaintif que ses analogues du post-rock, distordu de bout en bout, ''SPIRITS'' est une vraie réussite instrumentale, un beau disque de gentils fantômes.


 

Julien: On était à la bourre chez Think Tank, mais quel grand mois cela fut (il manque à l'appel les disques de Chromatics, Best Coast et Richard Hawley notamment, nous en parlerons dans une vingtaine de jours). Une grande part d'électro et de rythmique dansante; on prend un malin plaisir de clôturer ce Speaches raccourci avec ce que certains critiques appellent le come-back de l'année: Bobby Womack a tout vécu, traversé récemment l'enfer avec une sale maladie, perdu toute confiance en lui selon ses proches en conséquence et aurait bien pu terminer ses jours à l'écart d'un circuit musical frénétique et manquant parfois de reconnaissance envers ses précieux aïeuls. Damon Albarn, ancien petit malin de Blur, concepteur au succès inespéré de Gorillaz, grand défenseur de la cause de la (vraie) musique africaine (le Mali notamment), lui n'oublie jamais. Il relance ainsi Womack en le co-produisant sur un album – THE BRAVEST MAN IN THE UNIVERSE (c'est quoi le problème avec les titres d'albums ce mois-ci?) – attractif sans forcément être de grande envergure. Il y a du divertissant avec la trendy Lana del Rey sur "Dayglo Reflection" ou "Stupid", des choses bizarres comme "Love Is Gonna Lift You Up", des ratés ("Jubilee (Don't Let Nobody Turn You Around") mais suffisamment d'autres titres de grande allure pour placer l'album dans les bonnes tabelles. "Please Forgive My Heart" par exemple, plus qu'entendu dans des DJ-set d'obédience britannique dans des formes de remixes diverses, et d'autres choses plus posées ("Deep River") ou prenantes/personnelles ("Whatever Happened to the Times"). La production très actuelle ne rend donc pas forcément service au revenant même si elle permet à ce disque d'exister pour lui-même, s'affranchissant de l'Histoire de Bobby. On pense de fait directement à l'album de remixes archi-reconnu de Gil-Scott Heron signé par la nouvelle perle anglaise Jamie XX dans ce style d'intervention hautement dangereux mais manié avec grande maîtrise, perpétuant cette belle tradition des musiciens-producteurs britanniques. De quoi parfaitement terminer ce recensement succinct de la cinquième mensualité 2012, sacrant presque unanimement les Peaking Lights. Une telle concordance d'opinion dans cette rubrique est rare et on oserait presque déclarer que ce mois de mai fut le meilleur depuis bien longtemps; voire depuis l'inauguration de la rubrique Speaches?


Albums du mois:
Pierre:     Peaking Lights, LUCIFER
Julien:     Liars, WIXIW
                Peaking Lights, LUCIFER
Raphaël: Jam City, CLASSICAL CURVES
                Peaking Lights, LUCIFER

Titre du mois:
Pierre:    Baauer, "Harlem Shakes"
               Psycho-Horses, "The Youth"
Julien:     Here We Go Magic, "Make up Your Mind"
               Four Tet, "128 Harps"
Raphaël: Nathan Fake, ''Iceni Strings''


Peaking Lights - Lucifer
Vidéo du mois: 
Flaming Lips feat Erikah Badu, "The First Time Ever I Saw Your Face" / "Western Esotericism" (cover)