Illustration: Giom |
C’est parti pour un deuxième soir à Kilbi. Au programme, un menu qui mêle à la fois des pépites électro, des pointures pop (Metronomy), des étrangetés et malheureusement un peu de folk gnan-gnan.
Il fait beau et chaud, ce qui signifie que dès 9h du matin, les tentes accouchent des fœtus de festivaliers en slip. On part se salir dans un lac tout en vase et poussières. Pas le genre d’endroit où laver des fruits. A peine le temps de se nourrir et de parfaire son bronzage sur la plage, que les premiers concerts commencent. Que cela ne tienne, le concert de 16h s’écoute en mode plagiste, linge sur l’épaule et maillot de bain encore mouillé. Chill !
La crème du jour
Décidément, je dois avoir tourné complètement électro. Pour le deuxième soir de suite, je désigne une formation du genre comme crème du jour. En plus, cette fois il s’agit d’un duo de dj : les californiens de Nguzunguzu. Déjà coupables de plusieurs EP monstrueux, Nguzunguzu ont fini de me convaincre avec un set vénère au possible, entre gangsta et dubstep. Le tout se donne avec une grosse cred’, le duo se présentant comme un mec impassible à T-shirt blanc et une fille à casquette, lunette et mains revolver. Un show monstrueux qui mélangea autant des morceaux inconnus que les must du genre comme Evian Christ, osant même passer du Britney Spears, devenue soudain bien méchante, le tout avec des basses profondes et crasses. Ce dj-set restera peut-être comme le meilleur moment de cette édition, avec ce show dansant, sensuel et bastonneur, d’autant plus délicieux du fait de la rareté de set de qualité jouant dans ce registre. Depuis, j’écoute en boucle leur mixtape.
La déception du jour
Le Kilbi fait rarement des fautes de gouts, je me permettrai d’en relever une : le red bull tour bus, une institution qui a déjà prouvé sa nullité de maintes fois (le concept : une faible qualité de son et percher un groupe sur le toit d’un bus). Si Kilbi avait déjà tenté de décentraliser une petite scène l’an dernier en faisant jouer des groupes au bord du lac, l’installation de cette année se révèle beaucoup moins sympathique. Evidemment que les sponsors y sont pour quelque chose, il n’empêche que faire jouer des groupes, souvent assez faibles, dans un bus à côté des toilettes du camping reste une démarche contestable, tant personne n’a envie de regarder un groupe en plein milieu d’après-midi dans un camping sans ombre.
La découverte du jour
Déjà, les Bâlois de Aie ça gicle ont un des noms de groupes les plus cool au monde. Je les avais déjà vu dans un concert tardif dans d’anciens abattoirs de leur ville natale. Ce fut génialement bruitiste et plein de distorsion. En ce début d’après-midi au Kilbi, Aie ça gicle sonnent beaucoup plus clairs malgré les trois guitares. Cela reste du très bon rock, surtout au vue du faible niveau du genre lors de cette édition. Rien de révolutionnaire mais une musique se tournant vers les côtés les moins expérimentaux de Sonic Youth pour sortir quelque chose à la fois rude et séduisant comme le prouve "Trust".
Le tour du monde
On m’avait dit du bien de Moonface, "hyper love-hard rock FM" pour être précis. Et au début, le concert pouvait presque me convaincre avec son côté Bowie et sa grandiloquence kitsch faite de synthé new-wave et de claviers. Mais sur la longueur, la mayonnaise ne prend pas et finit par lasser. Le concert tombe même dans le désespéremment naze quand le chanteur sort un livre et se net à le lire à haute voix. Get Well Soon ne font pour autant pas mieux avec leur folk joli mais sans originalité, du Beirut en moins bien. C’est pas parce que cela vient de Berlin que c’est mieux. On passe à la gloire de la soirée : Lee Scratch Perry, qui lui aussi se positionne haut dans l’échelle du cool avec sa casquette multicolore. D’entendre du reggae au Kilbi fait plaisir et on s’y serait presque laisser prendre si Lee Scratch ne passait pas tout son temps à râler pour enlever ou remettre des échos sur sa voix. Le reggae à l’image du chanteur se fait vieillissant et cette absence de renouvellement empêche de s’extasier sur un concert efficace mais à l’allure d’archives vivantes. Metronomy étaient censés remettre la musique au gout du jour avec leur pop azuréenne. Malheureusement, les paillettes de l’efficacité cachaient à nouveau mal une musique sans dynamique. En live, le groupe sonne comme une machine bien trop huilée et rares sont les titres qui font véritablement mouche. "Holiday" fait évidemment partie de ces exceptions. Des blondes ont beau agiter leur crinière et leur corps à la slutty sluts style juste devant nous, on ne réussira à danser que quelques courtes minutes.
Le concert que j’ai pas vu mais on m’a dit que c’était super
J’avoue, j’ai flanché et suis rentré dormir comme un vieux. Mince, j’ai raté un concert super. Je laisse donc ici la parole à mon suppléant de la nuit, l’infatigable Tony Fun :"C’est sur le coup de 2h du matin que les kicks réguliers commencèrent à marteler la grande scène. Finir la soirée avec un set techno-minimal ? Pourquoi pas. Sauf que nous avions devant nos yeux un véritable groupe au sens classique du terme (guitare, bass, batterie) : les autrichiens d’Electro Guzzi. Le trio ne tente pas ici le crossover electro-rock, mais reste, de manières strictes dans une démarche minimale et techno, strict tant au niveau de la composition que dans les sonorités. Assez vite, on oublie presque de regarder le groupe pour commencer à danser : mission accomplie. Un tout grand moment de cette édition (ndlr : à voir le 11 juillet au festival de Cité)."