Photo: Fred Gabioud |
Vendredi soir au Sonar. Les halles sont immenses et les concerts tirent jusqu’au bout de la nuit. Au milieu des têtes d’affiches comme M.I.A., Cut Copy ou encore Aphex Twin, c’est deux djs russes qui ont conquis nos cœurs.
L’enchaînement Sonar de jour/Sonar de nuit, qui plus est sans drogue, demande une certaine énergie. Cela ressemble à coller deux soirées ensemble et ne jamais arrêter de danser. Surtout, le changement d’ambiance demande un certain temps d’acclimatation. Aux belles maisons du centre ville succèdent des halles immenses (mais vraiment immenses !) avec de gros écrans, le tout proche de l’aéroport. Atteindre le bar relève de la quête et le public se fait moins love et plus club grossier. En parlant de grossier, notre premier concert du soir est celui de Cut Copy. Dans un Speaches, j’avais déjà avoué ma totale incompréhension face à ce groupe. Oui peut-être que si on n’a pas beaucoup de gout ou qu’on vient pour danser peu importe la musique, ça peut passer. Mais je trouve ce genre de pop 80’s beaucoup trop facile et la voix de chanteur est pas loin de me faire rendre mes croquetas. Quand toutes les chansons ressemblent un peu au même tube, c’est qu’il faudrait surement passer un peu plus de temps dans l’écriture de vraies mélodies.
Le temps de boire une bière et on part voir M.I.A. dans l’énorme club. Et là aussi, c’est une petite déception, surtout en comparaison avec son dernier concert à la Rote Fabrik. Avec une salle si grande, l’énergie et l’ambiance ont beaucoup plus de peine à prendre. Le son est étouffé et c’est difficile de ne pas céder à la tentation d’étrangler les gros nazes qui lancent des avions en papier pendant "Paper Planes". On ne peut que ressortir avec une impression mitigée de ce concert. Oui d’un côté, le show contient des chansons incroyables et je continue à penser que M.I.A. est une des musiciennes les plus fortes des années 2000, surtout avec ses deux premiers albums ARULAR et KALA. Et entendre des chansons comme "Galang", "Sunshowers", "Bucky Done Gun", "Bird Flu" et bien sûr "Boyz" en live restent un plaisir à chaque fois renouvelé. Un plus de ce concert fut la présence d’Afrikan Boy sur scène pour un featuring sur un "Hussel" de folie. Mais d’un autre côté, je ne comprends pas pourquoi M.I.A. continue de construire son set de façon chronologique, enchainant les chansons en suivant strictement l’ordre des albums, ce qui empêche de varier les styles et fait d’autant plus ressortir les faiblesses du dernier en date, MAYA, qui tape fort mais reste moins percutant que ses prédécesseurs. Surtout je regrette que M.I.A. n’intègre pas dans ses concerts les chansons plus pop que sont "Jimmy", "XXXO" ou "It takes a muscle". J’en rêve et ça donnerait une dimension supérieure, là où M.I.A. excelle vraiment, dans la perversion de mélodies pop en sucrerie prête à exploser.
Sonar de nuit, c’est tellement de choses sur tellement de temps qu’on est bien obligé de se mordre les doigts d’avoir pu rater tant de trucs énormes. C’est donc avec une honte avouée que je suis bien obligé de dire que je n’ai vu ni le dj set d’Aphex Twin, ni celui de Boys Noise, de même que les concerts de Die Antwoord et Dizzie Rascal. Mais à vrai dire, ce n’est pas vraiment ce que je venais chercher à ce Sonar. Non, je voulais partir à la recherche de trucs improbables à faire découvrir. Et les héros de cette soirée sont russes et jouaient dans l’endroit le plus love du Sonar formule nocturne : pas loin des auto-tamponneuse, un bâtiment de fête foraine, sur le thème des Walt Disney, savamment pimpé avec quelques néons. Dans le public, il n’y a soudain qu’une quarantaine de personnes mais tout le monde sourit et on est tout content d’accepter quand le type de devant nous propose de tracer un S sur notre bras avec un néocolor. Ce qui m’a attiré dans ce havre hédoniste, c’est le vague souvenir d’un excellent article de Pitchfork sur la scène électro de Moscou (en lien : ici), qui donnait envie d’y partir illico. Au Sonar, étaient présents Mujuice et DZA. Des deux dj sets, ma préférence va au premier tout en souplesse avec un flow irrésistible et des montées enivrantes. Tout simplement un des meilleures dj set que j’ai entendu depuis bien longtemps. Celui de DZA fut lui aussi une claque. Plus violent, avec des beats explosifs et une influence hip hop défigurée, ce set me retira ce qu’il me restait d’énergie. Mais mec, vive la Russie. Euf pas sûr, en tout cas y a des musiciens bien Auch là-bas.