Photo: Julien Gremaud / DR |
Avec une programmation deluxe, dans la salle sympa de la case à choc, la Superette avait tout pour réussir. Malheureusement l’éclectisme des artistes présents ne correspond pas toujours à celui d’un public, venu plus pour faire la fête que pour écouter de la musique.
La Superette, ca s’annonçait bien, on nous offrait des carottes et les groupes du soir étaient excitants. Le premier set assuré par les Suisses Obez et Dadaezm servait de bonne entrée en matière, avec un son hip hop dubstep tout ce qu'il a de plus agréable, malgré quelques remixes un peu trop osé comme Dolly ou Wycleaf Jean. Mais très vite, la machine s’enrayait. Le concert de Planningtorock commencent avec du retard et alors qu’on avait lu monts et merveilles sur la performance live de cette artiste, rien de bien spécial à signaler à part que la chanteuse a une tête bizarre, la fille aux synthé est assez cool, et à la rigueur les visuels sont vraiment biens. Mais sinon, le concert se déroule de manière habituelle et si c’est bien, on est loin d’être sur les genoux et encore moins sur le cul. C’est vrai que la chanteuse a une voix impressionnante et que certaines chansons s'affirment comme faisant partie des choses les plus fortes qu’on ait entendues ces derniers moments (notamment "Doorway" et "The Breaks"), cela ressemble à du James Blake en mille fois mieux et en véritablement hanté. La reprise de Guided By Voices, "My Valuable Hunting Knife" est juste incroyable et la référence fait plaisir. Néanmoins, le concert ne parvient pas à nous convaincre totalement. Pourquoi ? Certains indices auraient du nous indiquer une piste possible. Il y avait d’abord ce garçon aux lacets fluorescents, ce trio de petits mecs qui sont venus au premier rang pour se moquer de Planningtorock, et partout autour ces filles et ces types qui parlent sans cesse, au point que je me rappelle presque plus de la description de la nouvelle copine de Kevin que des paroles des chansons. A ces gens qui parlent aux concerts, j’ai toujours eu envie de dire, au risque de passer pour un vieux con, ce qu’un voisin avait laissé comme mot sous la porte de ma sœur : "l’adolescence est une période difficile, je vous prie de la vivre en silence". L’électro a produit un changement révolutionnaire dans les rapport entre artiste et public et ce fut très bien. Malheureusement, cela a évolué en un mépris pour les groupes, qui s’exprime par ces discussions incessantes et des insultes dès que la musique proposée fait preuve d’un peu d’originalité.
Cette faune de clubbers a nui de par sa présence constante lors de cette soirée à la Superette. Ainsi sur de la dubstep bien carrée, on a vu tout le monde se trémousser des heures durant sans trouver rien à redire, par contre, au concert de Koudlam, on a carrément entendu un « Pendez le ! ». Il est sûr que ce concert fut peut-être le show le plus vénère qu’on ait jamais vu. Dans cette fin de soirée de la petite salle du Queen Kong Club, Koudlam arrive avec son blouson, sa clope et son scotch avec dans les yeux une lueur de haine. Le début commence par un ensemble d’inédits beaucoup plus fâchés que les titres présents sur GOODBYE. Bye bye les flûtes et les sons xylophoniques, coucou les synthés froids et noirs pour un Koudlam en mode définitivement Neon Judgement. Se développe alors une véritable atmosphère de haine entre public et artiste : aucun applaudissement, des doigts d’honneur qui se lèvent, un Koudlam qui a l’air d’avoir envie de partir le plus vite possible. On se dit que c’est horrible parce que, nous, on trouve que la musique que fait Koudlam est vraiment bien et que son concert, même s’il se contente de chanter sur les instrumentales qu’il lance d’un clic sur son ordi, on aimerait bien le voir dans des meilleures conditions. C’est alors que Koudlam lance "Love Song", le rythme devient dément, la voix agressive, le public se met à danser tout en continuant d'invectiver un Koudlam qui finit par envoyer une gifle acide au premier rang. Ce qui semblait horrible finit ainsi par donner une ambiance incroyable. Le reste du concert se continue dans ce climat fou d'agressivité et on finit par jouir de cette tension qui remplit toute la salle, surtout quand résonne "See you all". On ressort grogui avec ce concert qui pour une fois fut véritablement une baffe pour un public de la Superette, qui l'a bien mérité.