Difficile d'échapper aux dissertations et spéculations sur la rentrée ainsi qu'à la très médiatique récupération culturelle de celle-ci. On rentre partout, maintenant. Et c'est important de le faire savoir. Seulement, pour qui suit attentivement une activité toujours plus dense, on remarquera qu'au final, on ne marque plus de pause réelle entre saison et "hors-saison". Nonobstant cette évidence – aussi parce que l'activité des collaborateurs de Think Tank fut vive cet été – on marque notre reprise éditoriale régulière par une contribution au programme officiel d'Electrosanne Festival: nos coups de cœur publiés à coté d'incontournables comme Resident Advisor, Tsugi ou Sound Pellegrino, détaillés ci-dessous, à plusieurs comme de tradition ici-même.
Julien: Electrosanne a évité l'effet de séduction pour mieux se positionner et ainsi mériter son nom de festival international des cultures électroniques dans une ville proposant tout et n'importe quoi – quoi qu'on en dise, la véritable culture électronique n'a pas vraiment pris racine dans le canton de Vaud. En huit ans, ce dernier a su décloisonner les genres et s'imposer à même la place publique locale, avec du qualitatif, convaincant au passage certains clubs jugés soit peu fréquentables (le Mad), trop rock (le Romandie) ou réservés à une faune locale typique (la Ruche) de se joindre à lui. Electrosanne grandit bien et s'aligne dans un champ électronique de pointe et pourtant suffisamment varié pour contenter le clubber. Sans bluff ni grosse communication; à ce propos, l'affiche de la nouvelle édition, signée comme depuis quelques années par le duo Daniela Droz et Tonatiuh Ambrosetti joue de sophistication à coups de stroboscopes photographiés et non simplement maîtrisés sur ordinateur. C'est limpide, étonnant et paraphant parfaitement l'identité d'Electrosanne – qui s'ouvre toujours plus aux disciplines parallèles (à lire en fin d'article).
Pierre: Chaque année, Electrosanne, c’est un pari : celui de faire jouer des formations et des djs électro de qualité dans un espace public compliqué que ce soit en terme de qualité de son ou de l’attention de la foule. Néanmoins, la volonté d’ouverture et la gratuité ainsi que la programmation alléchant font que chaque année on a envie d’y croire. Malgré une réputation de musique pointue, la vérité c’est qu’on a presque eu de la peine à trancher pour donner nos 7 coups de cœur au sein de Think Tank.
Nguzunguzu / samedi 8, 22h (Place de l'Europe)
Pierre: Leur set lors du dernier Kilbi fut un des moments forts du festival. Une de leur mixtape tourne en boucle dans ma tête. Impossible donc de rater leur set samedi soir. Le top d’une électro gangster, très US, mais presque introuvable en Europe. C’est méchant, les basses claquent et au fond de la ruelle, c’est tous les genres qui se retrouvent entrechoqués dans un grinder bien bien kiffant.
Raphaël: Alors qu'on entend encore relativement peu parler d'eux ici malgré un excellent nouvel EP intitulé "Warm Pulse", il semblerait (je n'en ai pas été témoin moi-même) que la réputation de leur dj sets ravageurs se répande à toute vitesse. A priori, un des highlights du festival, avec enfin de l'électronique qui va claquer sans même frôler la beaufitude.
Jam City / samedi 8, 20h30 (Place de l'Europe)
Pierre : Avec CLASSICAL CURVES, Jam City a sorti un des albums les plus bizarres de cette année : à la fois bordélique, utilisant plein de sons divers et plus ou moins appropriés, et extrêmement entrainant. Une musique qui porte le fun dans sa dimension la plus exquise. Notre curiosité en est d’autant plus titillée et Electrosanne permettra de voir si ces deux dimensions cohabitent réellement en live où si du bidouillage et de la danse un seul peut sortir vainqueur.
Larytta / jeudi 6, 19h (Place Centrale)
Pierre : Electrosanne n’oublie jamais de programmer les meilleurs produits locaux. Le concert de Larytta au For Noise, il y a déjà quelques années, puis leur album de 2008, DIFFICULT FUN, constituent des preuves indubitables : Larytta fait partie des formations les plus inventives, mêlant intelligence et plaisir. En live, c’est encore plus coquin, leur maitrise musicale parvenant à se donner les traits du relâchement le plus complet.
Julien: Inventifs, mais aussi frustrants pour de nombreux suiveurs, avec une présence très mesurée. Ces mecs auraient pu devenir des stars indés, ils préfèrent s’activer dans le champ artistique contemporain et l’apprendre aux plus jeunes, faisant de Larytta un parfait projet parallèle. Au fond, ils ont bien raison.
Om Unit / jeudi 6, 19h30 (Place de l'Europe)Raphaël: Renforçant un line-up clairement orienté bass music à Electrosanne, Jim Coles alias Om Unit tombe à pic. Il vient de sortir un (très bon) album, AEOLIAN, au profil sombre et lourd, catapulté par des beats assez lourds qui témoignent d'accointances encore bien vivaces avec le hip hop. Sci-fi pour amateurs de basses tordues et des pulsions déstructurées sur la place de l'Europe.
Axel Boman / jeudi 6, 01h (Mad)
Julien: Le Suédois
Axel Boman signe les
tracks d'entrée de set ("
Cinquenta"), de rigueur techno ("
Arcimboldo") et de réjouissances deep-house ("
Purple Drank") sur un plateau,
la house venue du nord comme avis à moitié trompeur: Boman ne joue de toute évidence pas dans le registre de ses compatriotes et supergroupe europop Swedish House Mafia. Posté hier sur son
Souncloud, ce mix devrait présager du meilleur et faire honneur au label allemand Pampa l'ayant signé en 2010, musique de fête finaude, co-propriété de DJ Koze.
Todd Terje / vendredi 7, 23h30 (Place de l'Europe)Raphaël: Auteur de "Ragysh", l'avant-dernier tube des clubs cools (et parfois moins cools..), Todd Terje déploie, question labels, un joli bagage: de Soul Jazz Records à Smalltown Supersound en passant pas Permanent Vacation, rien à dire. Voilà pour la crédibilité. Maintenant, on se dit qu'il faudrait aller guigner là-bas, du côté de la Place de l'Europe pour savoir ce que le norvégien (qui partage d'ailleurs la scène avec son collègue Prins Thomas)a à offrir. La question reste ouverte, tant patte disco ultra cheesy et joyeusement pupute peut mener du pire au meilleur et inversément, assez rapidement. Suspense.
Moomin / vendredi 7, 01h (Ruche)
Julien: la présence de Moomin à Electrosanne n'est pas une surprise. Sebastian Genz fait un peu tout juste dans le registre minimale "accessible", signant chez Smallville un LP remarqué (THE STORY ABOUT YOU), évitant la production à tout-va ou les remixes-parce qu'il faut en faire, et alignant les clubs les plus cohérents du circuit allemand (Robert Johnson à Offenbach, Conne Island à Leipzig, ://about blank à Berlin), prêt à s'exporter. Il suffira juste de prendre son temps et que les habitués de la Ruche parlent plus doucement pendant le set.
Shazam Bell / samedi 8, 17h (Place de l'Europe)
Julien: Shazam Bell fut un peu la bonne surprise helvétique en 2011, à son échelle, inspiré et prometteur pour une première approche dans le champ électronique. Le concours national Demotape Clinic ne s’est pas trompé en sacrant le Lausannois dans la catégorie électronique lors de sa dernière campagne. La scène Red Bull Music Academy lui offre l'ouverture du dernier soir de cette belle édition d'Electrosanne.