Illustration: Charlotte Stuby |
Depuis maintenant plus de dix ans, Tussle sort des albums, écume les routes, collabore avec Liquid Liquid, le tout dans une relative discrétion mais avec une solidité folle. Fidèles à l'univers qu'ils ont construit à coups de lignes de basse irrésistibles, ils viennent de lâcher "Tempest", nouveau disque au groove mordant dont la production a été confiée à JD Twitch, moitié des serial remixeurs Optimo. A cette occasion, on parle studio, concerts et hacking d' iPhone.
TT: Qui sont les membres de Tussle? Les rôles ont-ils changé pour cet album?
Tussle: Sur cet album, on a perdu un batteur, Warren Huegel, mais on a gagné un batteur, Kevin Woodruff.
Donc: Tomo Yasuda - Basse, synthés, cowbell
Donc: Tomo Yasuda - Basse, synthés, cowbell
Jonathan Holland - Samples, percussions et saxophone
Kevin Woodruff - Percussions
Nathan Burazer - Samples, synthés, sifflet
Comment le fait de travailler avec un producteur plus orienté vers la musique électronique comme JD Twitch (Optimo) a-t-il affecté votre approche à la musique et à votre travail? Qu'est-ce qui a motivé ce choix?
En 2006, JD Twitch a fait un remix fantastiquement intense pour nous. Nathan a toujours été un énorme fan de leurs mixes et podcasts. Il l'a approché à nouveau alors qu'Optimo (les nuits de clubbing organisées par JD Twitch et JG Wilkes, ndlr.) fermait, espérant apporter quelque chose de cette intensité dans "Tempest"…
Hmm, "très électronique"? La majorité de la musique actuelle est enregistrée électroniquement.
Honnêtement, travailler avec JD Twitch a été un soulagement pour nous. On savait qu'on était en de bonnes mains et on a une sensibilité très proche en ce qui concerne la musique. Il connait son sujet lorsqu'il s'agit de musique industrielle, de classiques dub, de post-punk, de free jazz, de minimal techno, de house ou d'ambient. C'est un connaisseur de musique. J'ai senti que, les deux, on voulait la même chose et on a concrétisé ça. C'était une éruption volcanique mentale comme on n'en avait encore jamais ressentie avant.
Qu'est-ce que vous avez gagné ou perdu au travers de ce processus, alors que votre musique semble plus propre et moins DIY qu'avant?
Chaque album devrait être une nouvelle approche, non? La différence cette fois? Cet album est nettement plus focalisé que les précédents, et on a essayé de prendre plus de plaisir et de ne pas prendre tout le processus trop au sérieux. J'ai l'impression qu'avec "Kling Klang", "Telescope Mind" et "Cream Cuts", on s'est trop accrochés à l'idée qu'on avait de comment un album de Tussle "devait sonner". On était très impliqués dans le travail avec nos producteurs, comme si toute idée, pour être légitime, devait venir du groupe uniquement. On a traité tout le processus, le matériel, les morceaux tellement précieusement.
Avec "Tempest", on s'est engagés dans le même chemin avant de réaliser qu'on n'avait pas besoin de tout contrôler, qu'on pouvait faire confiance à JD Twitch. En triant les meilleures idées, les meilleures prises, on a fouetté tout ça jusqu'à une expérience sonique complètement différente de ce qu'on a voulu faire, mais pour le mieux. D'une certaine manière, on a abdiqué devant le processus et placé notre confiance en un producteur comme jamais encore.
Est-ce que cette optique a des répercussions sur vos concerts?
Ils tendent à être complètement différents du son de l'album. On essaie d'utiliser les albums comme des lignes, des directions mais on ne sera jamais le genre de groupe à reproduire sur scène exactement ce qu'il y a sur un disque. Pour les concerts, on secoue un peut le tout pour ne faire que ce qui semble juste sur le moment même. On improvise énormément et on essaie de prendre du plaisir en entrant dans la musique d'une manière ou d'une autre.
Quelles sont vos attentes vis-à-vis de cet album et pour le futur, pour des projets à venir? J'espère juste qu'au moins quelques personnes apprécieront l'album et ressentiront quelque chose. Tussle n'essaie pas de changer le monde par la musique, on essaie juste de tirer du plaisir du processus. Aussi longtemps que les projets vivent, on les vivra au jour le jour. On aime créer des nouveaux morceaux et enregistrer et on verra bien où ça va. Ceci dit, on a des collaborations plutôt excitantes à annoncer dans les prochains mois…
Vous verra-t-on en Suisse?
Peut-être. On y a joué l'année passée et on a adoré. En fait, après notre concert à Genève on tellement fait la fête que j'ai perdu ma veste préférée et mon iPod. Je leur ai écrit un e-mail, puis j'ai tourné la page. Quelques jours plus tard, je recevais un e-mail de Genève. Quelqu'un avait trouvé mes affaires et allait me les renvoyer. Il a hacké mon iPod pour trouver mon adresse e-mail. Je sais pas si c'est un truc commun ou pas...mais bordel, la Suisse. Putain de pays génial.