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18 févr. 2013

TT Speaches: Janvier 2013

Illustration: Guillaume Dénervaud


Entre les albums sortis en toute fin d’année et les déjà très nombreuses sorties du du mois, janvier lance 2013 sur les bons rails. Pas encore d’énormes découvertes, mais l’écume brillante de 2012. Espace critique et ouvert, TT Speaches repart pour une troisième saison, avec toujours autant d'enthousiasme et de grands écarts stylistiques, même si l'on ne mâchera pas nos mots, c'est promis - pour preuve les disques ouvrant ce premier recensement de l'année…





Pierre : Julien en avait déjà parlé dans le précédent Speaches mais je pense qu’il vaut la peine de revenir sur le dernier Asap Rocky, LONG LIVE ASAP, très attendu. Pour ne pas être trop négatif, il faut vite laisser de côté la comparaison avec sa précédente mixtape, LIVE LOVE ASAP, tant cette dernière était supérieure tant au niveau des productions, de la qualité individuelle des titres ainsi que de l’ambiance musicale générale. C’est bien le premier reproche que l’on ferra à LONG LIVE ASAP que d’avoir perdu le côté sombre pour adopter un son beaucoup plus FM, avec des titres à la limite entre séduisant et repoussant, et parfois vite lassant. "Wild For The Night" avec Skrillex en featuring représente l’exemple le plus frappant de cette dérive FM. L’album est tellement orienté dans ce registre que tout ce qui échappe au registre du tube tombe à plat. Clams Casino signe une de ses productions les moins intéressantes et "Phoenix" n’arrive pas à convaincre avec son ton mélancolique surjoué. Par contre, au niveau des tubes, on est servi avec LONG LIVE ASAP. Le top est atteint avec les deux titres collectifs. Asap Rocky convie tout le beau monde du hip hop, Danny Brown, Kendrick Lamar, Drake, Action Bransons et d’autres encore pour deux titres jouissifs : "Fuckin Problem" et "1 Train". Ce dernier avec sa dream team et son beat old school rappelle les heures de gloire de DJ Muggs. Mais mon titre préféré reste "Fashionkilla" grâce à la meilleure production de l’album et sa sensualité sous exta.


Julien : Sorti le 15 janvier mais bien avant sur Internet, LONG LIVE ASAP semble être déjà là depuis un certain temps; comme tu le dis, l'attente forte ne faisait que renforcer les réactions. Pour ma part, je te trouve assez sévère, car ce LP - peut-on encore parler de mixtape ici? - si elle ne possède pas la même atmosphère, garde une certaine patte et des uppercuts sonores en comparaison (en terme de calendrier des sorties) d'un Kendrick Lamar qui semble tout fluet avec son LP GOOD KID M.A.A.D. CITY. A l'instar de ce dernier, et je te l'accorde, Asap tape dans le tube, et pas qu'à moitié. Notre illustrateur vitfait parlait de classique le titre d'ouverture éponyme; les réécoutes ont pour confirmé sa prédiction, avec un (non) refrain osé pour une ouverture en faux-rythme. Il est certes clair que les tracks avec Santigold, Skrillex ou OverDoz ne sont pas des modèles réussites. Par contre, après c'est le défouloire avec "Goldie" produit par Hit-Boy et "PMW" tout bon en groove, ou, plus loin, "Ghetto Symphony" (featuring Gunplay et A$AP Ferg) et effectivement "1 Train".


Julien : Je me permets d'enchaîner sur une autre semi-déception avec le 3ème LP de Falty DL, HARDCOURAGE. Originaire du Connecticut, Drew Lustman signe ce disque sur le label londonien et historique Ninja Tune. Ce qui pourrait s'apparenter comme un gage de qualité se matérialise en des productions plus que banales, ne parvenant sur presque aucun morceau à se différencier de la masse des productions hebdomadaires en electronica – c'est souvent le risque pour un producteur et remixeur connu que de voir son album passé aux oubliettes. Tranchant en remix – Mount Kimbie, Scuba, Seun Kuti - Falty DL livre ici un 10 titres qui semble se chercher et répéter ce que l'on entend depuis cinq ans en dubstep ("Straight & Arrow"), ambiant ("Finally Some Shit/The Rain Stopped") ou dans la lignée des productions de Matthew Herbert ("Kenny Rolls One"). Et impossible de ne pas parler de la soupe insipide "She Sleeps" avec Ed Macfarlane des Friendly Fires (qui?) en ouverture d'album… Dans la même catégorie, on lui préférera nettement DREAMING IN KEY de Applescal, producteur néerlandais du nom de Pascal Terstappen, récemment révélé au grand public avec le dub rétrofuturiste "Boys" (featuring David Douglas). On observe aussi d'autres insertions plus sobres comme "Spring And Life" ou "The Composer" sous patronyme Boards of Canada, plus sensuelles comme le très Walls "On The Way" (featuring Piana) ou plus proches de John Tejada avec "Spring and Life" ou "Wise Noise On Time" (featuring Lanny May). Pas mal de références, mais un LP plus que correct. On reste dans le champ électronique Raphaël, n'est-ce pas?




Raphaël : Oui, on passe directement on label d'Actress, Werk Discs, avec Moiré et son NEVER SLEEP, EP remixé, du coup, par le boss du label. Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple (et qu'on a Actress sous la main)? La marque de fabrique brumeuse du label étend son aura puissante sur des territoires plus dansants. Etrange power-house mélancolique qui, malgré de douces putasseries, donne envie de danser sur la plage un soir d'été orageux. C'est gras et ça tabasse comme un coup de poing dans la ouate, c'est love comme une première rencontre des corps, à l'instar de l'envoûtant "Into".


Pierre : Pour regarder tomber la neige, un disque idéal cet hiver fut ELEMENTS OF LIGHT de Pantha du Prince, dont on guettait le retour depuis le très bon BLACK NOISE. Ici, il s’acoquine avec le Bell Laboratory pour un album qu’on pourrait presque qualifier de musique de Noël avec ses tintements de cloches. Le résultat reste peu défini, on ne sait plus très bien si on se trouve dans le splendide ou l’anecdotique. C’est peut-être dans cet interstice que se joue le plaisir méditatif face aux nappes électroniques et campaniformes (merci wikipedia de m’apprendre de nouveaux mots), tels la lente chute de flocons.


Julien : L'Allemand Hendrick Weber jouait pas mal, cela dit, depuis le début de ses productions (2004), avec ces sonorités de ”Glöckchen”, cloches et autres carillons, tant autant qu'avec les silences et infrabasses lors de son LP – suscité – le plus remarqué sorti en 2010. Pour moi, cette collaboration avec le groupe norvégien donne un résultat plus que prévisible, les deux entités développant une certaine idée de la monumentalité en musique, pour ne pas dire ”cathédralité” si je pouvais aussi me permettre un néologisme. En gros, c'est comme associer Jean-Luc Godard et François Truffaut en espérant de l'action. Titre clé, "Photon" prouve que le propos sur quatre minutes suffit largement à l'expérimentation annoncée. Testé tard dans la nuit, ELEMENTS OF LIGHT prend plus d'ampleur, même s'il reste cette impression que les 43 minutes 30 secondes répètent le même pattern (ce qui en soit n'est pas une tare, sauf si elle semble tenir du gimmick).  Raphaël, je sais que tu as toujours préféré le Pantha du Prince hors collaboration (je pense notamment au quasi-FM ”Stick To My Side” avec Panda Bear)…

Raphaël Je dois avouer n'avoir porté que peu d'attention au nouveau projet. Si les résultat, plus particulièrement en live, doit prendre tout son sens, il semble que Pantha du Prince, comme tu l'as déjà mentionné, répète les schémas. Si le personnage reste intéressant et d'une certaine pertinence, ce nouveau projet fait un peu office d'ersatz tant il est maniéré et précieux. Trop tiré à quatre épingles pour moi, pas assez d'aspérités. C'est notamment chez Peaking Lights que j'irai chercher mes aspérités. Après l'album Lucifer qui, chose rare, avait fait l'unanimité chez nous, le couple le plus cool de la musique indépendante (si, si) a trouvé le bon filon: LUCIFER IN DUB (avouez que ça sonne bien). Ou des versions dub, enfin encore plus dub, du précédent album. Ca groove comme un après-midi vaudou sur la plage, ça sent la poussière. Plus percussive et électronique -j'ose l'adjectif "dansant"-, cette nouvelle sortie achève de confirmer ce qu'on savait déjà tous: ils ont tout compris. Rarement un projet aussi frais et ambitieux a vu le jour ces dernières années. Accessoirement, c'est un signal de plus vers une scène américaine en pleine effervescence, après une période plus creuse.

Si Not Not Fun et 100% Silk ont ouvert une brèche salvatrice ces 2, voire 3 dernières années, prouvant que la véritable cohérence d'un label se situait encore au-delà du spectre musical qu'il embrasse, des écuries comme L.I.E.S ou présentement Trilogy Tapes ont démontré qu'il ne s'agissait pas d'un acte isolé. Passé entre les mailles de Think Tank jusqu'à maintenant, je profite de la sortie de MGUN, THE NEAR FUTURE, pour rendre honneur au label londonien le plus excitant du moment, notamment responsable de quelques excellents EPs de Willie Burns et Dro Carey. Si MGUN n'évoquera probablement rien, le peu d'informations qu'on a sur le personnage indique notamment des collaborations avec Kyle Hall. Surprenant, à l'écoute de ces six morceaux salaces qui, même si largement dansables, n'évoquent pas directement le clubbing à la Detroit. Kicks distordus, basses démoniaques: les machines sont massives et la démarche radicale: le particulièrement grinçant "The Race" illustre à merveille la débauche analogique pourtant loin d'être taillée pour le club. D'ailleurs, l'univers nerveux et sous-terrain de MGUN  semble faire appel aux éléments techno pour mieux s'en éloigner. En témoignent les samples de...Jefferson Airplane, colonne vertébrale de l'énigmatique "Walk With Me". Et Pierre de revenir à Not Not Fun.




Pierre : Mon premier album du mois de 2013 va à CONFRONTATIONS de Umberto, qui clôt le revival lancé par Drive en 2011, continué par Johnny Lewel et le label Italians Do It Better. Une fois encore, on se retrouve face à l’indétrônable pochette avec route qui se perd dans l’horizon dans une ambiance qui fleure bon la nostalgie 80s. La musique s’y insère avec ce fétichisme de films de science fiction rêvés. Mais contrairement à par exemple SYMMETRY qui additionne les prises studio éparses, CONFRONTATIONS construit une vrais trame cohérente, faite de sons lugubres, de synthés rétro évoquant véritablement un film d’horreur italien sur VHS. Umberto allie talent de composition et clarté de production, incarnant le parfait milieu entre le versant pop (Chromatics) et le plus savant (Zombie Zombie) du courant musical rétro-futuriste. La preuve en deux temps avec "Confrontation" et surtout "Dead sillent morning".


Julien : J'ose associer à un tel acte musical le nouvel album sophistiqué de Toro y Moi – même si l'on pourrait m'accuser d'user d'un tel adjectif pour un artiste proche du peuple jeune et cool. Très ambitieux mais aussi excessivement long, ANYTHING IN RETURN succède donc à l'encensé et détaché UNDERNEATH THE PINE et ses tubes à la pelle - ”New Beat”, ”Got Blinded” ou ”Still Sound” faisant en 2011 de Chazwick Bradley Bundick une bonne adresse pop indie quoique salement bloqué entre le génie furieux d'Ariel Pink et un héritage soul éclaté, caractérisant bien ce statut bâtard de la Chillwave, affreuse dénomination à quiconque utilisant synthétiseurs, loops au service d'aptitudes mélodiques (et dans la foulée mélancoliques). Toujours chez Carparp Records, Toro Y Moi revient avec d'autres prétentions à la production, tout en restant aussi chill avec le single "So Many Details", ambiance feutré pour un artiste sobre joignant crédibilité et hype sans forcer. Reste que l'ambiguïté rôde, entre le pédigrée des clippers et le titre se révélant mou du genoux un mois et demi après sa publication. "Harm In Change" lançait pourtant ce 3ème album sur de bien meilleures bases, mais on sent très vite le souffle du boulet, ou plutôt la frontière du mauvais goût qui est franchie, comme sur les voix et le featuring maladroit sur "Say That" suivant ce premier titre. Si "Studies", "Touch" ou "How's It Wrong" sont de toute bonne facture, on peine sur les autres titres plus accessibles qui ne jouent que les faires-valoir eu égard aux titres du disque pop des dernières années, THE ENGLISH RIVIERA de Metronomy. Le magazine Tsugi a consacré ce disque de Toro y Moi album du mois en jouant la carte du fameux "niveau de lecture caché", truffé de microscopiques et géniales sonorités, ce qui n'est certes pas faux. Reste que sur un album entier, cette prétention à l'aptitude en production lasse et ne cache pas la faiblesse de composition des morceaux. Je sais Pierre que le disque suivant n'est pas non plus un modèle de réussite…


Pierre : Avec Darkstar, ce n’est pas tellement leurs albums qui m’avaient intéressés jusqu’ici. Je n’ai presque pas écouté leur précédent disque, c’est bien plutôt leur live au Kilbi en 2011 qui reste mémorable, même s’il en est certains pour juger que l’engouement général relevait d’une forme de folie collective de type Port-Saint-Esprit, le live récent au Rocking Chair faisant pencher pour cette dernière interprétation. Pas beaucoup d’attente pour ce NEWS FROM NOWHERE. L’album file tout seul, c’est joli et tout mais ce qui dérange c’est que Darkstar semble s’arrêter au milieu du chemin, groupe de rock pour gens qui écoutent de l’électro, groupe d’électro pour gens qui écoutent du rock. NEWS FROM NOWHERE manque en plus de l’énergie des live et reste confiné dans un registre presque folk faisant parfois penser aux anciens Animal Collective. En moins bien.


Julien : Darkstar fut parmi nos sujets de discussions des deux dernières semaines, certains citant leur excellente - et percutante - tournée de 2011, d'autres n'arrivant pas à se détacher de la relative médiocrité de leur live version 2013. Etait-ce la salle, les conditions, le public ou un Feldermelder maousse en ouverture? On n'en sait trop rien, si ce n'est que NEWS FROM NOWHERE est un album qui s'est oublié quasi-instantanément, et pourtant ce n'étaient pas les qualités au groupe londonien qui manquaient, qui plus est signé désormais sur Warp Records. Difficile après une telle somme monotone de pouvoir encore défendre un style indie en véritable déliquescence (si même les bons éléments s'y mettent…). 






Pierre : En guise de rattrapage, l’excellent label Night Slugs sort une compilation réunissant son Allstars. La qualité des différents titres réunis ici font de cet album un indispensable pour tous les non-encore initiés et ceux qui en demandent encore. Derrière les emblématique Jam City et Girl Unit, 12 titres pour dancefloor idéal : syncopé, embrouillés, jouissifs. En plus, tout est inédit, soit le titre même, soit sa production. De la crème.



Julien : Autre « Allstars » avec Nick Cave and The Bad Seeds et leur nouvel album PUSH THE SKY AWAY. Vous me taxerez de réactionnaire ou, au mieux, de conservateur, mais voici mon disque du mois: pour le poids historique bien sûr, mais surtout pour l’immensité des neuf titres présents sur ce… 15ème LP. Parce qu’hormis l’Australien noiraud, on a tout de même une histoire contemporaine de la musique dans les Bad Seeds: Mick Harvey qui formait avec ce dernier les Birthday Party - toujours présent - alors que sont passés à travers cette formation du sang des Einstürzende Neubauten ou de Magazine. Ce même Mick Harvey qui a quitté Cave en 2009 après avoir tout vécu ensemble depuis l’adolescence. Puisse cette séparation avoir un impact, PUSH THE SKY AWAY garde la patte - saillante - d’un Nick Cave sur qui le temps ne semble avoir aucune emprise. Le disque possède une profondeur qui fera passer la majorité des artistes chroniques ci-dessus pour des rigolos; enregistré à Saint-Rémy-de-Provence (sisi), il contentera les érudits et ravira les exigeants. Nick Cave ne se caricature pas pour autant et signe quelques titres presque suaves, du moins mélodieux à l’instar de l’ouverture ”We No Who U R” - « une ballade étrangement sobre avec un fond de menace dans son refrain » dixit pertinemment le magazine Rolling Stone - ou de ”Mermaids”. C’est surtout les titres plus longs qui frôlent le génie, comme ”Jubilee Street” ou ”Higgs Boson Blues”, tout en crescendo, rappelant tristement d’autres élèves de Cave, Madrugada, formation norvégienne fauchée en pleine route vers la gloire. Si ce n’est cette curieuse et flipéée histoire genevoise du CERN (le boson de Higgs, sisi), on regrette la méga faute de goût avec la pochette mettant en scène Cave et sa femme Susie Bick à oilpé dans leur chambre à coucher. 


Pierre : Pour les plus tout à fait jeunes comme certains d’entre nous, la sortie d’une nouvelle chanson des Strokes reste toujours un événement, demandant à tous ceux qui ont connu les heures héroïques de 2001 de se positionner. J’avoue que tout ce qu’ont fait récemment les Strokes me laisse dans une forte indécision, entre cri au génie et annonce de fin de flamme. A nouveau, "One Way Trigger" surprend d’emblée avec Julian Casablancas qui chante extrêmement haut. Toujours avec cette guitare qui somme comme un synthé mais pas vraiment, le résultat donne parfois envie de se jeter à genoux, peut-être les derniers restes de mon côté fan, plus souvent de couper le son. Les Strokes auront au moins ce mérite d’échapper à l’attendu et de provoquer cette perplexité qui fait se demander si on ne se trouve pas en face de grandes chansons sans savoir les écouter. J’attends l’album pour me déterminer. Peut-être. Je me réjouis de savoir ce que vous en pensez, Julien qui a connu en même temps que moi le retour du rock, et Raphaël qui échappe à ce passé de fans.


Raphaël : Pour être tout à fait honnête, je n'y ai pas vraiment échappé... J'ai aussi aimé les Strokes. Malgré tout, j'avoue n'avoir aucune perplexité face aux produits qu'ils délivrent. La ballade surproduite, entre beach et stadium, sans façons. Ca ne m'émeut pas comme certains groupes bien teenager dont je tairai le nom, ça m'agace en fait autant que Muse. Les guitar heroes, c'est fini non?






Julien: Difficile de passer à une autre chose après le cas Strokes, mais surtout ce disque de Nick Cave qui me reste dans les entrailles. Brièvement: ce morceau est presque aussi étonnant que l'oeuvre d'art surréaliste qu'a réalisé Matthew Bellamy avec le dernier Muse. Tout ceci me rappelle que nous devrons disserter prochainement sur la commémorations de ce fameux retour du rock - ses dix ans donc. Je continue sur une autre pièce d'histoire: par honnêteté je ne parlerai pas dans ce recensement du nouveau et quoiqu’inespéré My Bloody Valentine (MBV), ne l’ayant reçu que peu de jours avant le bouclement de la chronique. Nous y reviendrons le mois prochain - tout comme pour l'album FADE de Yo La Tengo -, histoire de donner du temps un disque qui me déçoit actuellement. Restons dans le registre noise et un tant soit peu hanté avec THE MAN WHO DIED IN HIS BOAT de Grouper, alias Liz Harris, de Portland, qui confirme être une des artistes multidisciplinaires les plus intéressants du moment - elle s'était révélé au public du Media Art au Transmediale 2012 de Berlin par le projet Circular Veil en collaboration avec Jefre Cantu-Ledesma, installation initialement conçue pour le Berkeley Art Museum. Ratée coup sur coup aux Urbaines et au Kilbi im Überral de Zurich, Grouper quitte les drones pour revenir à l'essentiel de sa musique spectrale, à la guitare acoustique et aux voix superposées en échos. L'album est peut-être moins prenant que le double LP A | A: ALIEN OBSERVER / DREAM LOSS, mais rares sont ce genres d'objets sonores intéressants sur la longueur, ce que parvient facilement à faire Harris, aucunement maniérée (c'est souvent le risque quand on touche au vaporeux et aux codes arty). Avec cet album, c'est surtout la grande satisfaction de voir un projet se développer en prenant de nouvelles directions. 


Disque du mois
Pierre : Umberto, CONFRONTATIONS
Julien:  Nick Cave and The Bad Seeds, PUSH THE SKY AWAY.
Raphaël: MGUN, THE NEAR FUTURE


Singles du mois 
Pierre: Arca, "2 blunted"
            Asap Rocky, "Fashiokilla"
Julien: KH, "Track I've Been Playing That People Keep Asking About"
Raphaël: Moiré, "Into"