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1 févr. 2012

Antigel Festival 2012



D'une certaine forme de cours géographique dans la République de Genève: où finalement il ne passe pas uniquement des choses en ville mais aussi dans les multiples communes du bout du lac. Ce n'est pas nouveau, cependant le mérite revient au festival Antigel de penser large via les deux disciplines phares - musique et danse. Surprenant tout son monde en 2011 pour sa première édition, il entame un second tour solide, à la cohésion certaine et (s') invente de nouveaux terrains de jeu (l'Aéroport ou l'ONU entre autres).
 
La publication de cette présentation arrive alors qu'Antigel a déjà vécu deux premières - belles soirées. Soirée de gala au Victoria Hall pour l'ouverture avec Peter Doherty: revenu de presque chez les morts, le fan des Queens Park  Rangers aurait pu finir aux oubliettes. Qui en 2004 aurait pensé le voir une fois jouer dans cette splendide salle genevoise, de surcroit seul, avec son projet personnel et non via des reprises? Les échos de son concert inaugural furent presque unanimes: candeur et surtout maîtrise pour le Londonien. En première partie lui était précédée une performance de danse de Mathilde Monnier – "Publique for 2", sur fond sonore de PJ Harvey. La musique comme ligand entre deux disciplines dépassant le simple opportunisme: en 16 jours de festival, Antigel se veut le "Festival de toutes les musiques et de toutes les danses", sans être pédant ni nonchalant. Pour preuve, hier soir, mardi 31 février, se tenait une "Piscine Soundsystem" avec le DJ français Etienne Jaumet. C'était complet, on n'a pu y aller et on n'a ainsi pas pu sortir notre short de bain, avec regret. Parmi les intitulés du festival, on hésite encore à placer cette soirée dans le registre danse, sport ou musique. Ici peut-être se trouve toute notre fascination devant Antigel: proposer une affiche cohérente mais surprenante, avec des noms connus mais dans des lieux plus qu'insolites, à des heures pas possibles, ouverte et généreuse, mais surtout transdisciplinaire. Plus qu'un remède contre ce froid de canard que nous allons devoir affronter, ce festival est un coupe-blasé, une parade aux affiches attendues ou trop élitistes.



Dans ce sens pouvons-nous toutefois regretter en partie une programmation musicale une pointe trop maîtrisée: alors que le vélodrome avait tourné dans le vide l'an passé avec la soirée Border Community (Nathan Fake, Luke Abbott), il devrait retrouver des couleurs en 2012 avec dEUS et The Dø, groupes intéressants mais un peu trop vus. On s'étonnerait aussi devant la venue de Nada Surf en acoustique à l'Alhambra le 9 février prochain si en contrepartie / contrepoint n'apparaissaient pas des artistes aussi brillants que Baxter Dury (un nouvel album sous le bras, excellent) le mercredi 8 au MàD de Genève - nous y serons - James Vincent McMorrow ce mercredi  1er février au Temple de Carouge, Hanni El-Khatib et Dirty Beaches à la Piscine du Lignon dimanche 12 février, notamment. Doherty n'est pas le seul écorché vif de l'édition 2012: Daniel Darc compile à lui seul tout ce qu'il n'a pu encore réaliser. Il joue d'ailleurs actuellement, mercredi 1er février donc, à l'Alhambra. Et puis, Chan Marshall n'est pas la dernière des joviales: sous son nom de scène Cat Power, la nord-américaine a autant faire rêvé, fantasmé les garçons que pleurer ses partisans à qui s'adressait ses cris du coeur. 2012 pourrait bien être son grand retour (seule au piano ou avec son groupe mené par Judah Bauer?). Son concert se tiendra le mardi 7 février au Victoria Hall, écrin bien de circonstance, et c'est com-plet, forcément. 



Par trop souvent les médias se content d'annoncer ces quelques noms musicaux - et d'autres, Ben Howard, Katerine, notamment - et semblent passer à côté de l'autre pendant de l'affiche, la danse. Danse contemporaine, flamenco, hip-hop, et d'autres, sous couverts de grands noms: pour l’occasion, Think Tank concrétise une de ses vieilles envies scéniques en couvrant, pour la première fois, un spectacle de danse, avec Daniel Linehan (2-3-4 février à la Salle des Eaux-Vives). Dans la même veine, la Compagnie Marie Chouinard présentera un spectacle en deux parties, "Prélude à l'après-midi d'un faune Solo" et "Le Sacre du Printemps" les 3, 4 et 5 février à la Salle des Fêtes du Lignon: on nous a fortement recommandé la création de la Canadienne, de formation classique mais au service d'une danse "mâtinée d'Orient et de primitivisme". A Mort la World Music se dénomme une de nos nombreuses thématiques: dans un décors épuré, Chouinard aurait bien pu trouver sa place dans nos collones musicales. Puisque l'on ne peut parler de chaque spectacle, conseillons un crochet par celui hyper-attendu de The Forsythe Company, "Human Writes". Ça sera un plus tard que le reste de la programmation, à savoir le jeudi 23 et le vendredi 24 février dans un lieu significatif de cette performance-installation, où le corps social de chaque individu et de son engagement politique sont au coeur de l'enjeu: le Palais des Nations Unies. 

 

Le festival Antigel profite aussi de tisser quelques belles collaborations avec de jeunes contributeurs à la vie nocturne genevoise à l'instar du Motel Campo qui proposera ainsi Lindström, Nhar ou encore le local Crowdpleaser samedi 11 février au Sicli. Il y aura aussi des marathons de la danse au MàD, une soirée avec le KAB ou l'association 360° Fever, une autre Piscine Soundsystem avec Robert Lippok, une soirée sport et raclette, une autre turque, un Curling Soundsystem, un brunch et même une vente aux enchères des dessins issus du spectacle "Human Writes" de The Forsythe Company. Avec un seul avertissement: gaffe à vos billets, les soirées se remplissent aussi vite que les réserves de sel s'amenuiseront ces prochains jours.

Parce que l'on n'a pas tout dit, le site d'Antigel.
Festival international de danse et musique, Communes genevoises, 30 janvier - 12 février 2012 + 23, 24 & 25 février