Illustration: Tattoo By Jo pour la Superette |
Après les bons souvenirs de l'édition de l'an passé, pour les 7 ans de déraison du festival, marquée par un visuel en mode club trash, on retrouve la Superette cette année avec une image à la limite du mignon, d'inspiration rockab, réalisée par l'ami Jo Germond. Alors, est-ce que le festival serait en train de virer plus rétro ? Pour y répondre, tête à tête chez TT.
Pierre: Ce retour à une forme d'authenticité rock se retrouve justement dans un label que la Superette a eu la bonne idée d'inviter: Rowboat. Il y a encore peu de temps, on se serait attendu à entendre des formations marquée électroniquement comme Buvette ou Überreel. Ce vendredi, au contraire, seront proposés la violence bien rock de WTF Bijou, duo batterie-guitare, suivi d'un DJ set de Pat V et ses trouvailles d'antiquités délirantes.
Julien: Beaucoup de guitares, avec effectivement toujours en toile de fond l'électronique à La Case à Choc et le Queen Kong Club, vivant désormais exclusivement au rythme et horaires clubbesques. Le Centre d'Art de Neuchâtel (CAN) ouvre ses portes au festival – et gratuitement – avec des concerts de Perrine En Morceaux, groupe solo baroque et flibustier kraut ou du non moins impressionnant Syndrome WPW, autonome qu'on classe plutôt dans le post-hardcore. Le Théâtre du Concert accueille lui-aussi pour la première fois la Superette et laissera même la pop des grands airs de Rover (proche de Elbow) la disputer à la locale MLN en DJ set, ou Pol le lendemain avec l'DM de Mouse on Mars.
Pierre: Mais à part ces exemples fort recommandables, l'encre rock disparait ailleurs pour une programmation toujours aussi club, les mots techno et house revenant constamment. Le festival garde une ligne directrice qui fait plaisir en mêlant aux têtes d'affiche de jeunes DJs du coin pour leur donner une chance de faire se trémousser plein de popotins en même temps. Cette année, une bonne place est laissée au Anglais post-James Blake avec notamment Cloud Boat et surtout Koreless. On retiendra aussi un samedi soir extrêmement riche: au-delà du dancefloor qui claque de Para One, on pourra ainsi apprécier des sets aussi intelligents que jouissifs de Lil Silva de l'excellent label Night Slugs et de Kutmah. Pour ceux qui auraient absolument besoin d'un live, pas d'inquiétude, les allemands de Mouse on Mars viendront distiller leur glitch electronica. Pas de doute, la Superette n'a toujours pris la moindre ride pépére et reste toujours aussi déraisonnée.
Julien: On notera avec plaisir la présence de deux signatures de R&S Records au Queen Kong Club avec, hormis Cload Boat, leur compatriote UK Klaus le samedi. Le jour d'avant, le même club pillier de la scène musicale neuchâteloise devrait déborder avec le très alléchant Aquarius Heaven (signé notamment sur Wolf+Lamb) suivi de Subb-an et sa deep house logée chez Crosstown Rebels (Damian Lazarus, Art Department, etc), fin limier de la cause house. Sinon, tu parlais local: Mathieu Raetz, que les kids ne connaissent pas forcément, tapait sec et définitif dans les caves bien avant les années 2000. Le set sans doute le plus techno de cette nouvelle Superette, à la "Case" le vendredi, succédant à ses cordiaux voisins de La Mine Express et stimulant le terrain pour un autre "historique" de l'édition 2012, Marc Romboy, de Mönchengladbach (actif depuis la réunification allemande). Une autre époque, que la Superette s'amuse à catapulter contre des "actuels", en vogue, ou expérimentaux. La tendance électronique persiste donc, avec encore une fois de l'ouverture à des styles audacieux.
La Superette, 8ème édition, Festival de musiques actuelles à tendance électronique, Neuchâtel, 30.11.12 et 1.12.12,