Illustration: Aline Paley |
Good Times 2013, un top des meilleurs moments culturels dans la plus pure ligne éditoriale de Think Tank, combinant les disciplines, croisant les thématiques, alliant le fun à l'exigent et fédérant ses cinq contributeurs. Un recensement qu'on veut honnête, entre le local et les grandes audiences, autonome, malgré les récurrences – l'Italie, Pierre Huyghe, Kechiche – voire utopique. Avec de belles promesses d'avenir pour notre petite structure éditoriale qui vivra une année 2014 pleines de nouveautés.
Pierre Raboud, rubrique musicale de Think Tank
1 – Les duos de choc du R’n’B
Malgré un virage plus mainstream et moins de découverte, le style a encore dominé le paysage musical, dirigé de main de maitre par deux duos. En premier lieu, les sœurs Knowles ont réussi leur OPA pour rafler la mise : Solange assure le rafraîchissement indé avec des tubes comme "Losing You" produir par Blood Orange et surtout une compilation sortie sur son label avec toute la crème du genre (Cassie, Kelela, Jhené Alko, Sampha) ; pendant que Beyonce assure le coup de grâce avec un nouvel album presque surprise rempli de bons titres. L’autre duo est constitué du couple Future/Ciara : le premier est parvenu à sortir deux des meilleurs single de l’année en opposition totale entre la ballade romantique de "Honest" et la violence saccadée du génial "Sh!t" qui définit la façon dont il fallait rapper en cette année 2013. La seconde a écrit la chanson sexuelle de 2013, "Body Party", ma chanson de l’année.
2 – La vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche
Malgré une comm' catastrophique et un arrière du décor des pratiques pour le moins problématiques, un film magnifique, de ceux, rares, qui nous bouleversent intimement, au point qu’on a de la peine à en parler. Malgré aussi les ratés de Kechiche dans certaines de ses partis pris (l’aspect social étant le moins finement mis en scène, surtout à travers l’opposition entre les deux familles), la vie d’Adèle sublime une histoire d’amour, dans sa passion et la tristesse de la séparation, justement par un réalisme parfaitement réalisé.
3 – Le DJ set de Pictureplane à Brooklyn
Dans un voyage en bande à travers les Etats-Unis, où les grosses fêtes furent nombreuses, celle-ci reste comme un moment spécial. Dans les tréfonds de Brooklyn, une rave bien dark, des caisses de son toutes puissantes, des énormes ventilateurs et un set de transe ultra violente de Pictureplane avec même du Lana Del Rey.
4 – Spring Breakers d’Harmony Korine
Harmony Korine tente le grand bon en avant, en conviant des actrices bimbo, pour un film gorgé de culture de masse américaine avec une profession de foi que je partage entièrement : dans la violence et dans le déchainement marchand, peut advenir des moments de passion, de beauté et d’amour. Comme dans une chanson de Britney Spears.
5 – Pierre Huyghe au Centre Pompidou
Dans une optique pas si différente, Pierre Huyghe exposait à Beaubourg ses travaux explorant l’avènement du mythe et donc de la narration : une patineuse artistique, de la neige, des hommes aux têtes d’animaux, des guêpes, un chien à la patte rose qui sortent des œuvres et des vidéos pour se balader au milieu des visiteurs. Et "Wuthering Heights" de Kate Bush qui résonne.
6 – Faillir être flingué de Céline Minard
Un roman de genre comme on en trouve plus beaucoup. Le Western se revivifie dans une histoire croisant les personnages, puisant dans ce récit de la conquête et de la perte (de la nature, de la communauté, de la virilité) toute la profondeur et le plaisir.
7 – Philippe Parreno au Palais de Tokyo
Avec une grande rétrospective dans l’ensemble du Palais de Tokyo, Philippe Parreno arrive à la fois à occuper l’espace de toute sa taille et à le magnifier. On pense ici à l’expression de merveilleux, ici concentré sur l’instant : bibliothèque secrète, mur qui se déplace, salle-banquise, piano qui joue tout seul et la vidéo "Zidane, un enfant du siècle" diffusée magnifiquement sur plusieurs écrans.
8 – Faber, le destructeur de Tristan Garcia
Le roman démarre assez faiblement avec la prétention du portrait générationnel. La suite redresse la barre : fable moral sur l’adolescence, autant dans l’illusion mystique du génie que dans la violence mesquine des regrets. Le tout avec une bande son et le diable entraperçu.
9 – La classe italienne
On a pas arrêté de croiser des groupes et illustrateurs italiens cette année, au point qu’il est presque difficile de tenir la liste : le concert sauvage du doux Dracula Lewis, le concert et l’excellent album de Vaghe Stelle sorti sur Danse Noire, le double concert Lorenzo Senni/Stargate, … La toute grande classe.
10 – Concert de Wampire à Berlin
De tout un mois de juin passé à Berlin, ce concert restera comme un de ces moments de parfaite harmonie. Wampire jouent leur premier très bon album, le complétant de quelques reprises en allemand (dont "Eisbaer") ; le tout sur fond de plage avec coucher de soleil sur la Spree et un mojito dans la main. Love.
Malgré un virage plus mainstream et moins de découverte, le style a encore dominé le paysage musical, dirigé de main de maitre par deux duos. En premier lieu, les sœurs Knowles ont réussi leur OPA pour rafler la mise : Solange assure le rafraîchissement indé avec des tubes comme "Losing You" produir par Blood Orange et surtout une compilation sortie sur son label avec toute la crème du genre (Cassie, Kelela, Jhené Alko, Sampha) ; pendant que Beyonce assure le coup de grâce avec un nouvel album presque surprise rempli de bons titres. L’autre duo est constitué du couple Future/Ciara : le premier est parvenu à sortir deux des meilleurs single de l’année en opposition totale entre la ballade romantique de "Honest" et la violence saccadée du génial "Sh!t" qui définit la façon dont il fallait rapper en cette année 2013. La seconde a écrit la chanson sexuelle de 2013, "Body Party", ma chanson de l’année.
2 – La vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche
Malgré une comm' catastrophique et un arrière du décor des pratiques pour le moins problématiques, un film magnifique, de ceux, rares, qui nous bouleversent intimement, au point qu’on a de la peine à en parler. Malgré aussi les ratés de Kechiche dans certaines de ses partis pris (l’aspect social étant le moins finement mis en scène, surtout à travers l’opposition entre les deux familles), la vie d’Adèle sublime une histoire d’amour, dans sa passion et la tristesse de la séparation, justement par un réalisme parfaitement réalisé.
3 – Le DJ set de Pictureplane à Brooklyn
Dans un voyage en bande à travers les Etats-Unis, où les grosses fêtes furent nombreuses, celle-ci reste comme un moment spécial. Dans les tréfonds de Brooklyn, une rave bien dark, des caisses de son toutes puissantes, des énormes ventilateurs et un set de transe ultra violente de Pictureplane avec même du Lana Del Rey.
4 – Spring Breakers d’Harmony Korine
Harmony Korine tente le grand bon en avant, en conviant des actrices bimbo, pour un film gorgé de culture de masse américaine avec une profession de foi que je partage entièrement : dans la violence et dans le déchainement marchand, peut advenir des moments de passion, de beauté et d’amour. Comme dans une chanson de Britney Spears.
5 – Pierre Huyghe au Centre Pompidou
Dans une optique pas si différente, Pierre Huyghe exposait à Beaubourg ses travaux explorant l’avènement du mythe et donc de la narration : une patineuse artistique, de la neige, des hommes aux têtes d’animaux, des guêpes, un chien à la patte rose qui sortent des œuvres et des vidéos pour se balader au milieu des visiteurs. Et "Wuthering Heights" de Kate Bush qui résonne.
6 – Faillir être flingué de Céline Minard
Un roman de genre comme on en trouve plus beaucoup. Le Western se revivifie dans une histoire croisant les personnages, puisant dans ce récit de la conquête et de la perte (de la nature, de la communauté, de la virilité) toute la profondeur et le plaisir.
7 – Philippe Parreno au Palais de Tokyo
Avec une grande rétrospective dans l’ensemble du Palais de Tokyo, Philippe Parreno arrive à la fois à occuper l’espace de toute sa taille et à le magnifier. On pense ici à l’expression de merveilleux, ici concentré sur l’instant : bibliothèque secrète, mur qui se déplace, salle-banquise, piano qui joue tout seul et la vidéo "Zidane, un enfant du siècle" diffusée magnifiquement sur plusieurs écrans.
8 – Faber, le destructeur de Tristan Garcia
Le roman démarre assez faiblement avec la prétention du portrait générationnel. La suite redresse la barre : fable moral sur l’adolescence, autant dans l’illusion mystique du génie que dans la violence mesquine des regrets. Le tout avec une bande son et le diable entraperçu.
9 – La classe italienne
On a pas arrêté de croiser des groupes et illustrateurs italiens cette année, au point qu’il est presque difficile de tenir la liste : le concert sauvage du doux Dracula Lewis, le concert et l’excellent album de Vaghe Stelle sorti sur Danse Noire, le double concert Lorenzo Senni/Stargate, … La toute grande classe.
10 – Concert de Wampire à Berlin
De tout un mois de juin passé à Berlin, ce concert restera comme un de ces moments de parfaite harmonie. Wampire jouent leur premier très bon album, le complétant de quelques reprises en allemand (dont "Eisbaer") ; le tout sur fond de plage avec coucher de soleil sur la Spree et un mojito dans la main. Love.
Colin Pahlisch, correspondant artistique de Think Tank
1 – Celui qui est parti
On a célébré cette année la naissance d'Albert Camus (1913). C'est par un hommage qu'on choisit ici de débuter. Penseur de l'absurde, apologue de la révolte comme corollaire à la lucidité, Camus marque, trace et n'a de cesse de délivrer, au sens existentiel. Un peu cérémonial, d'accord, mais tout ce qui est nécessaire, lorsque ça s'exprime, l'est forcément un petit peu.
2 – Celui qui se révolte
Justement, à la deuxième place (topographique, non qualitative) on trouve la sortie du Django de Tarantino. Vengeance burlesque, effluves sanguines, consécration (répétée) de l'inénarrable Waltz en germanique chasseur de primes et dialogues taillés au scalpel. Merci Quentin.
3 – Celui qu'on (re)connaît
Une exposition, à Paris, et du même coup une découverte, le musée Rodin et son "marbre et la chair". Les pièces, disposées dans l'espace sur des socles bruts en bois, comme dans l'atelier du sculpteur, les formes, tantôt douces et sensuelles tantôt rudes et rocailleuses. Alliances du cru et du cuit, du martelé et du poli. Tout au long, plutôt une sensation qu'une exposition. En plus j'y étais avec une jolie fille.
4 – Celui qu'on n'attendait pas
Innovation, et de taille, l'arrivée de l'Art Brut à la Biennale de Venise. Et la brisure des clivages, des barrières. Au-delà des dialogues de spécialistes (y a-t-il du politique là-dessous..?), la reconnaissance de créateurs réputés marginaux par les milieux officiels a quelque chose d'une revanche, ou d'un coup de pied dans la porte. Encourageant.
5 – Celle qui a attendu
L'oeuvre de Pierrette Bloch, artiste française, fait l'objet jusqu'en février d'une rétrospective au Musée Jenisch de Vevey. Peu connues, les lignes de cheveux tressés et autres compositions tachetées créent la surprise et suscitent l'engouement. À voir, encore.
6 – Celle qui fait ce qu'elle dit
"Je vais tuer Ben Laden" annonce Maya, agente de la CIA dans le dernier film de Katheryn Bigelow, Zero Dark Thirty, sorti en janvier de cette année finissante. Si le film mérite sa place au classement, c'est pour le réalisme cru et bluffant, ses plans sans concessions, sa narration haletante. On passe du coq à l'âne, peut-être, mais toute culture est rhizomique.
7 – Ceux qui (se) font plaisir
En coup de coeur, on propose le dernier (?) concert du groupe rivieran The Awkwards au Montreux Jazz de cette année. De la joie à l'état pur, du déchaînement festif et libertaire comme on en connaît qu'ado. Preuve qu'au sein d'une manifestation gargantuesque et mercantile, on dégotte aussi des pépites.
8 – Celui qui vieillit
Des pépites, c'est peut-être ce qu'a cherché à nous présenter, à Rome, le photographe Salgado, et son "GENESIS", actuellement à l'Elysée. Retour aux origines. Grandes images gothiques de lieux du bout du monde. Portraits de populations et d'individus prétendument intouchés par la civilisation... mais c'est moins pour le sens (un peu lourdingue sans doute) que pour la forme qu'on retiendra l'exposition du brésilien. Car à la septantaine bien sonnante, le photographe se lance encore, ose quelques expérimentations, des jeux de formes, d'ombre et de touches... annonciatrices d'une renaissance ?
9 – Celui qui rit
Théâtre, tout de même, avec une pièce de l'Italien Eduardo de Filippo, passé à Kléber-Méleau en avril. Ambiance napolitaine bon enfant et entourloupages bienveillants sont au rendez-vous d'une pièce truculente et jouissive. Une trouvaille. Il paraît d'ailleurs que Filippo s'occupait aussi de politique. À l'heure ou chacun est pollué par de puants brulots xénophobes à même les boîtes aux lettres, un peu de distance et d'humour, ça sauve.
10 – Celui qui prolonge et annonce la couleur
À l'inverse de cette tendance nihiliste, on trouve des espoirs. De quoi rameuter vers un cerveau trop enclin à s'enrhumer du pétillement et de la matière, la thèse d'un jeune chercheur, Vincent Capt, sort en format livresque. Intitulée "Poétique des écrits bruts", le volumineux travail (tout aussi digeste que nourrissant) se penche sur certains écrits de ces auteurs rassemblés par Dubuffet et présentés par Michel Thévoz, l'ancien directeur de l'Art Brut. De quoi débuter en fanfare l'année qui vient, de quoi s'affûter l'oeil, et se réenfricher la tête.
Raphaël Rodriguez, curating musical de Think Tank
1 – La classe italienne
Pierre a tout dit. Artistes, festivals, clubs, galeries... Non seulement l'Italie s'exporte avec brio, mais elle se révèle en tant que destination et vivier culturel exceptionnel, en contrepoids d'une crise économique qui nous fait oublier que la vie continue, malgré l'austérité.
2 – Opal Tapes
Ca faisait un moment qu'on attendait ça: un label à l'identité forte mais sans contrainte de genre, sans concessions. Mix et mastering minimaux, PR quasi inexistant, des objets bruts et étranges. De la techno abrasive et abyssale de Shapednoise à la post rave d'IVVVO en passant par la house grinçante de Lumigraph, la qualité ne fléchit pas. Focus total sur la musique.
3 – Berlin
Après l'overdose, des indices de renaissance? Berlin prouve, avec l'émergence de lieux récents (Chesters, Urban Spree, Mindpirates, etc.) et d'artistes intéressants, qu'il s'agit de plus qu'une plateforme éphémère du fun. Si la techno n'est plus nécessairement au centre du jeu, d'autres formes d'art et de musique prennent le dessus et légitiment l'engouement général. On a eu peur, à vrai dire, qu'Easy Jet clubbers et gentrification aient raison de l'essence même de la ville, mais preuve en est, Berlin à encore beaucoup à offrir.
4 – Radio vs Boiler Room
Si le phénomène est probablement un peu antérieur à 2013, c'est l'occasion d'en parler. Boiler Room, média de notre temps s'il en est, est à la source même d'une culture propre à son médium: on regarde la musique, les artistes, le public. On interagit presque, derrière un écran, et le phénomène prend une telle ampleur, avec ses recherches de track ID, qu'on se prend à regretter tout l'apparat. Des web radios comme NTS ou Berlin Community Radio ont permis, par leur curation exceptionnelle, leurs guests en DJ set ou en live en font une source de musique précieuse et fondamentalement pertinente. Plus de distractions, plus de course à la coolness. Focus total sur la musique #2.
Julien Gremaud, coordinateur de Think Tank
1– Julia Holter, Loud City Song
L'album tient à bras le corps un format qu'on dit désuet en 2013, les morceaux doivent former un tout alors qu'aucun ne se ressemble, la compositrice aligne les références à mesure que les notes défilent. Un sacré programme, et pourtant, LOUD CITY SONG, troisième album de la Californienne, est une pure merveille, à l'heure où la plupart des contemporains de Julia Holter gambergent dans leurs prétentions. Hors de sa chambre, dans la grande ville, au-dessus de la cohue.
2 – Jean Otth, 1940 – 2013
Grand huit émotionnel autour de ce grand monsieur de l'art: exposition de grande envergure au Mamco cet été (Rêverie Zénonienne, 1972-2013), présence de "Limite E" à Making Space, 40 ans d'art vidéo au Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne, aux côtés de travaux de mythes tels que Dara Birnbaum, Nam June Paik ou Pipilotti Rist, et départ les étoiles au début de l'hiver, sans crier gare. Otth nous quitte avec un héritage revu cette année à la hausse et une descendance prête à reprendre le flambeaux.
3 – Pierre Huyghe, à Pompidou, partout
"Je ne suis pas Jeff Koons" prévenait le Parisien au magazine Technikart cet automne. Sa rétrospective à Pompidou ne fera pas de lui une célébrité mais l'aura consacré comme l'un de touts grands du monde de l'art contemporain. La caisse de résonance "Untilled", l'une des oeuvres les plus énigmatiques de notre époque (présentée à la Documenta 2012) s'est propagée cette année, avec le lévrier blanc comme figure marquante. En plaçant la barre si haute, Huyghe hante les esprits, libère les carcans tout en tétanisant: que faire après cela?
4 – Le lancement du label Danse Noire
Tabula rasa pour notre compatriote Aïsha Devi qui plaque un label britannique faisant du surplace pour lancer sa propre structure; la hype l'a très vite compris, Danse Noire a fait le tour des magazines et a suscité la curiosité très loin à la ronde. Un label subversif au pays de Sophie Hunger? Derrière Danse Noire et sa petite faction, c'est une énergie inspirante qui a essaimé jusqu'à Think Tank, via un membre commun.
Tabula rasa pour notre compatriote Aïsha Devi qui plaque un label britannique faisant du surplace pour lancer sa propre structure; la hype l'a très vite compris, Danse Noire a fait le tour des magazines et a suscité la curiosité très loin à la ronde. Un label subversif au pays de Sophie Hunger? Derrière Danse Noire et sa petite faction, c'est une énergie inspirante qui a essaimé jusqu'à Think Tank, via un membre commun.
5 – Le chevalier Edward Snowden
La promesse d'un monde meilleur VS le plus grand théâtre médiatique 2013: personnalité IT de l'année, Snowden a payé de sa personne et risque gros. Avec cette question: est-ce que cela en vaut-il vraiment la peine? Pendant ce temps-là, on continue en effet de chatter, googler, liker et partager sur le www. Pour le meilleur et surtout pour le pire (à venir). Va falloir se mobiliser.
6 – L'imbroglio Maurizio Cattelan
Maurizio n'aime pas les chevaux. Il leur préfère les ânes. En attendant, son exposition estivale à la Fondation Beyeler de Riehen, à trois arrêts de tram de Bâle, visse cinq juments contre les cimaises. L'homme n'est pas présent lors de l'ouverture, on s'énerve, on invective le commissaire de l'exposition et Sam Keller, directeur de l'institution. Cattelan préfère-t-il manger des glaces à Art Basel? Il reviendra quatre jours plus tard discuter Massimiliano Gioni, sans faire taire les grincheux.
7 – Alain Huck et Céline Burnand à Vevey
Le Grand Café des Mouettes revit depuis l'an passé, ponctuellement, grâce au Collectif RATS. Un Centre d'Art Estival dans un espace jadis flamboyant, de belles expositions collectives qui replacent le joli patelin sur une autre carte que celle des multinationales qui comptent. Le CAE a surtout vu la rencontre de circonstance de deux générations sous l'étendard "Totem Twin": une scénographie sobre, un dialogue soufflant, plus qu'une transmission de témoin: la concrétisation d'une petite scène artistique.
Le Grand Café des Mouettes revit depuis l'an passé, ponctuellement, grâce au Collectif RATS. Un Centre d'Art Estival dans un espace jadis flamboyant, de belles expositions collectives qui replacent le joli patelin sur une autre carte que celle des multinationales qui comptent. Le CAE a surtout vu la rencontre de circonstance de deux générations sous l'étendard "Totem Twin": une scénographie sobre, un dialogue soufflant, plus qu'une transmission de témoin: la concrétisation d'une petite scène artistique.
8 – Natural Fair
L'idée est partie d'une sollicitation du directeur des Urbaines, festival co-organisateur du symposium professionnel "Post Digital Cultures" (et l'hébergeant). Une médiation d'un sujet versatile, à la croisée de l'activisme politique et de la production artistique contemporaine, spoilé par les institutions, remis en question dans les murs de l'Aula du Palais de Rumine. Une belle réunion d'une quinzaine de contributeurs, proches ou partenaires réunis sur un Tumblr encore actif, premier véritable projet éditorial parallèle de Think Tank, pour refléter un état d'esprit associatif et collaboratif.
Maxime Morisod, rubrique cinéma de Think Tank
1 – La Grande Bellezza de Paolo Sorrentino
Le retour de Paolo Sorrentino après l'oubliable This Must Be Place. De retour en Europe, il se concentre sur son chez-soi, sa ville : Rome. La cité de César devient alors un acteur à part entière du film, comme si la caméra était jetée dans la ville, se lovant dans les rues de la capitale italienne pour y déceler les 1000 histoires qui s’y passent chaque jour, chaque matin et chaque nuit. Sorrentino livre un film qui pleure ses idoles (Visconti, Rossellini, De Sica) avec la délicatesse et l’humour qui gît pas loin, jamais absent. Un Spring Breakers à l’européenne, avec le regard d'une génération en train d'être oubliée, celles des anciens, des bâtisseurs, des croyants. Chef d'oeuvre.
2 – Le Carnaval des Animaux de Camille Saint-Saëns, Victoria Hall
Irruption merveilleuse lorsque l’orchestre de Yuri Bashmet, après avoir interprété le plus sérieusement du monde La jeune fille et la mort de Franz Schubert, s'engage dans la conclusion de son concert avec Le Carnaval des animaux, pièce naïve et singulière de Camille Saint-Saëns. Nostalgie, larmes et rires dans la salle – et dans ma tête, avec une infinité de souvenirs d’enfance qui resurgissent alors. Le genre d'événement que l'on coche dans sa petite liste mentale personnelle, sans oser le dire.
3 – Inside Llewyn Davis de Ethan et Joel Coen
Dans la veine de A Serious Man, les frères Coen prouvent en moins de deux heures qu’il est possible d’allier entertainment et film d’auteur. Une leçon de mise en scène, de dialogues et d’images dans un faux-biopic néo-mystique, qui joue avec la relativité du temps sans pour autant être de la science-fiction.
4 – La Vie d’Adele d'Abdellatif Kechiche
Difficile de se concentrer sur le film sans prendre en compte tout ce qui s'est dit autour. Mais Kechiche réussit un pari fou, rendre intense et merveilleux une histoire d'amour somme toute banale, voire même inintéressante. La marque des plus grands.
5 – Chris Cohen (Overgrown Path, 2012)
Batteur, chanteur, compositeur, Chris Cohen se produisait lors de La Semaine Américaine au Romandie de Lausanne. Choc en douceur lors de son concert ; émotion durant ma discussion avec le bonhomme et bonheur à répétition le restant de l’année, en réécoutant son album et des chansons comme Monad ou Rollercoaster Rider qui mélangent divinement du grand Pavement avec du Walkmen période You And Me.
6 – France Ha de Noah Baumbach
Après l’excellent Greenberg, le réalisateur de The Squid and the Whale (Les Berkman se séparent) pouvait confirmer son talent avec Frances Ha. Même si ce n’est pas le meilleur film de sa filmographie, Noah Baumbach continue son œuvre autour des questions existentialistes de l'humain du XXIe siècle, le tout avec une BO qui marie Georges Delerue de la Nouvelle Vague et T-Rex. Après le divorce et les problème familiaux, il s'attaque à la jolie new-yorkaise perdue, flirtant avec la seule chose qui puisse la comprendre : sa ville.
7 – Sur les traces (urbaines) du Caravage : Rome et Naples
Découvrir deux grandes villes italiennes. La capitale, avec son imposante richesse culturelle, ses peintures et l’impressionnant trio de toiles du Caravage au fond de l’église Saint-Louis-des-Français. Naples, pendant authentique de la capitale, avec l’or en moins et une fierté démesurée. Une ville qui mélange amas d’ordure et vue en contre-plongée sur le Vésuve. Et au Pio Monte della Misericordia, on y contemple l’une des plus belles œuvre de Michelangelo Merisi, Les Sept Œuvres de la Miséricorde – un tableau que le peintre à réalisé lors de son exil... de Rome.
8 – Rencontre avec Carlos Reygadas
En janvier, lors du Black Movie Festival, j’ai eu la chance de passer 45 minutes avec le réalisateur Carlos Reygadas (Post Tenebras Lux, Batalla en el cielo). Une interview qui s’est transformé en discussion d’apprentissage sur le cinéma et sur son parcours atypique, sur comment filmer un champ-contre-champ et pourquoi il a choisi le cinéma alors qu’il exerçait la profession d’avocat à l’âge de 29 ans.
9. Quartier lointain, Jirô Taniguchi
Bande dessinée qui se lit comme on regarde un film, avec un travail élaboré et profond sur le temps perdu, l'enfance et les parents. Sorti en 1999, la découverte de ce livre (plus de 400 pages) est une confirmation aveugle et influente de la fonction de la bande dessinée dans l'art de raconter et d'émerveiller sans détour.
10. Swim and Sleep (like the shark) de Unknown Mortal Orchestra
La chanson pop de l’année, avec sa déscente d’harmonie mineur-majeur, entraînée par une batterie jouant tous les temps sans fioriture, au rythme direct et puissant. Ajoutez-y le doigté inarrêtable de Ruban Nielson et le tour est joué. Bémol pour son clip provocateur et sans rapport aucun avec la grandiose mélodie.
Photographe du Good Times 2013: Aline Paley
Illustrant ce classement des meilleures moments culturels 2013, Aline Paley est une photographe suisse vivant entre les Etats Unis d'Amériques et la Riviera vaudoise. Elle se consacre essentiellement aux portraits et reportages. Elle aime aussi les pays hispanophones et photographier les animaux.
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